Des collines de roches déchiquetées enserrant en pince de crabe une eau transparente d'un bleu profond, bordée d'un trait de sable rose. L'aridité extrême. En face, à une demi-heure de bateau, les montagnes voilées d'Arabie Saoudite. Au début, on se pince pour apprécier ce Sinaï inouï, tout au fond du golfe d'Aqaba. Dans cette carrière à ciel ouvert, l'architecte Didier Lefort a imaginé pour le Club Med un caravansérail ocre rouge, coiffé de coupoles, ouvert sur la mer par un pylône inspiré des temples égyptiens. Sur le côté, un labyrinthe de petites villas aux façades poudrées, crème, rose, violine, qui abrite les 385 chambres, séparées par des jardins-patios, sur les toits ou la mer. Tapis de coton, canapés crème, marqueterie de granite de Louxor au sol de la salle de bains : l'architecte a dessiné et fait réaliser ? en Égypte ? les ingrédients de la décoration intérieure. Au coeur, un carré blanc, le village à l'intérieur du village : Oasis, la partie 5 tridents du Club. Les quatorze villas immaculées, entourant une double piscine à débordement, offrent l'espace : salon, deux chambres, deux salles de bains, méga terrasse et solarium. À leur disposition aussi, pour un prix presque double des chambres clubs traditionnelles, une conciergerie, un salon-lounge, aux lustres d'albâtre, quelques tables surmontant élégamment un cours d'eau pour petit déjeuner, snacking et champagne. Très réussie, cette partie 5T met à mal l'égalitarisme du Club... Dans les parties communes, on aime spécialement le night aux alcôves colorées garnies de radassières, le club-enfants princier aux salles illustrées de contes des « Mille et Une Nuits » (enfants acceptés à partir de 4 mois) ainsi que le Passworld qui offre aux ados la plus belle vue sur la piscine à débordement et la mer : celle de la terrasse. Un bémol ? Le village occupe 27 hectares et on n'en finit pas de faire aller-retour la longueur de la plage, soit 800 bons mètres pour aller du spa au restaurant. Un bon exercice avant le célébrissime buffet et sa version diététique... Outre tous les sports habituels avec une prédilection pour la plongée, mer Rouge oblige, on consacrera une journée à la ville nabatéenne de Petra. Et une matinée hors du temps au monastère Sainte-Catherine, formidable forteresse protégeant 25 moines, une belle collection d'icônes, un jardin dans lequel on entend, enfin, les oiseaux. Et qui semble avoir été touché par les récentes tribulations du pays comme un poisson par une goutte d'eau. Aliette de Crozet