Pécresse poursuit le rapprochement entre recherches publique et privée

« Le mur idéologique de Berlin que j'ai connu au début de ma carrière est tombé. Mais le flux à travers la porte de Brandebourg reste insuffisant. » Cette métaphore du mur de Berlin empruntée à Valérie Pécresse par Axel Kahn, le médiatique président de la commission recherche de la Conférence des présidents d'universités (CPU) illustre bien la nature des relations entre recherche publique et recherche privée en France. Pour faciliter les rapprochements entre ces deux mondes, la ministre de la Recherche a lancé lundi un « vade-mecum des passerelles public-privé » à destination des chercheurs et enseignants-chercheurs des universités et organismes.La France en retardCertes, les mentalités évoluent, le chercheur public n'est plus « sur un nuage ; il a désormais plus conscience que son devoir est de valoriser ses contributions », constate Jean Salençon, le président de l'Académie des sciences. « Les dépôts de brevets ont augmenté de 36% de 2008 à 2009. Attention aux clichés ! », fait valoir Alain Fuchs, le PDG du CNRS. La loi Allègre sur l'innovation de 1999 a contribué à cette évolution. Mais cela n'a pas suffi à rattraper le retard de la France en la matière. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un oeil sur les comparaisons avec nos voisins européens, tels le Royaume-Uni ou l'Allemagne, où l'application de lois similaires a permis d'exploiter dans l'industrie deux ou trois fois plus de recherches. Un constat sans appel dressé en février dernier par le bilan qu'a fait l'Académie des sciences de la loi de 1999 ("La Tribune" du 6 février 2010). Depuis 1999, selon le ministère, seulement 1.200 projets d'incubateurs publics ont abouti à une création d'entreprise... Afin que mondes industriel et académique s'interpénètrent, les rapporteurs de l'institution formulaient une vingtaine de propositions, dont l'intégration de la mobilité vers l'industrie dans les règles statutaires des chercheurs publics, une évaluation fondée sur l'exploitation et pas seulement les publications, une meilleure formation des futurs chercheurs à la création d'entreprise, une simplification des procédures administratives de dépôts de brevet et la professionnalisation des structures de valorisation.Nouvelles simplifications Toutes ces faiblesses, Valérie Pécresse en a bien conscience. « Je me bats depuis trois ans pour lever les freins », insiste-t-elle, énumérant les assouplissements à son actif depuis 2007 : suppressions des contraintes de rémunération en cas de détachement, cumuls d'activités facilités, création de 500 postes de doctorants conseils, du contrat doctoral et de l'autonomie des universités qui permet à celles-ci de recruter directement en CDI des chercheurs issus du privé. « Mais c'est encore le parcours du combattant pour passer d'un monde à l'autre », admet-elle tout en estimant qu'il existe un « fort décalage entre les freins perçus par les chercheurs et l'arsenal mis à leur disposition. » D'où la publication du guide mais aussi la promesse de nouvelles simplifications administratives : « Il faut aller vite au moment où le Grand emprunt s'apprête à octroyer 25 milliards d'euros à la recherche et à l'innovation ».De fait, le gouvernement compte beaucoup sur ces « investissements d'avenir » pour éclaircir le paysage de la recherche qui a vu les structures se multiplier ces dernières années et surtout stimuler la valorisation et les créations d'entreprise grâce au milliard d'euros destinés à la création de sociétés d'accélération de transfert technologique et aux 400 millions qui iront à Oséo pour renforcer le fond d'amorçage.
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