« L'Europe doit changer d'attitude à l'égard de l'Afrique »

Par latribune.fr  |   |  362  mots
Andris Piebalgs, commissaire européen au développementQue l'Afrique ne soit plus la chasse gardée des Européens n'arrache aucun soupir à Andris Piebalgs. Que la Chine y caracole en tête des investisseurs pas davantage. « C'est un grand changement qui nous oblige à changer notre attitude », explique à La Tribune le commissaire européen au développement qui participe aujourd'hui au Burkina Faso au 10e Conseil des ministres UE-ACP (Asie Caraïbes Pacifique). A l'ordre du jour : le renouvellement de l'accord de Cotonou signé en 2000 qui définit le cadre de la coopération entre les Vingt-Sept et 79 pays du groupe ACP. Malgré les engagements pris en 2000, l'UE n'a pas réussi à mener à terme la libéralisation des échanges avec les différents blocs commerciaux du continent africain. Seules les négociations avec les Caraïbes ont abouti. « Nous devons faire plus et mieux. Il ne s'agit pas que de l'abaissement formel des barrières commerciales, mais aussi d'investissement, de coopération scientifique, d'éducation », explique l'ancien Premier ministre letton. Entre 2004 et 2008, l'Inde et le Brésil ont multiplié par trois leurs échanges avec l'Afrique, la Chine par quatre, selon la Cnuced. « Notre relation avec les pays ACP a toujours été très douce, tempérée. Les pays émergents se sont au contraire directement focalisés sur les infrastructures, le secteur minier. Ils ont agi comme nous l'aurions fait au sein de l'UE ou avec nos voisins immédiats. Ils les ont traités en égaux », estime Andris Piebalgs. Le défi majeur est, à ses yeux, la capacité d'absorption de ces investissements par les pays africains. Comme hier en Europe de l'Est, Andris Piebalgs pointe le risque d'une «polarisation» de la société entre bénéficiaires et laissés pour compte du décollage. Les Européens doivent, selon lui, mettre davantage l'accent sur l'urbanisation et mieux coordonner leurs efforts. « On ne maintiendra pas les gens à la campagne. On ne peut pas parler que de sécurité alimentaire. Il faut travailler sur la planification urbaine, l'efficacité énergétique. Les gens voyagent, ils ont internet. Ils veulent suivre le chemin des pays développés », dit-il. Propos recueillis par Florence Autret, à Bruxelles