L'éditorial de Olivier Provost

Les pays européens économiquement les plus fragiles respirent. Non pas parce qu'ils sont sortis d'affaire, ce qui est loin d'être le cas. Mais parce qu'ils en ont (provisoirement??) fini avec les appellations insultantes. Cela avait commencé avec le « Club Med » au moment de la création de l'euro, pour dégénérer ces derniers mois en « Pigs » (les cochons en anglais) avec la crise de la dette. Ce qualificatif porcin qui désignait le Portugal, l'Irlande, l'Italie, la Grèce et l'Espagne (avec un « s » pour Spain) est moins d'actualité aujourd'hui. Rome suscite des craintes amoindries. Pour éviter le défaut de paiement, Athènes a reçu un soutien financier massif tant des Européens que du Fonds monétaire international. Et Madrid commence à relever un peu la tête... même si c'est encore loin d'être gagné. Restent le « P » du Portugal et le « I » de l'Irlande qui peinent à sortir de la crise. Pi, comme le nombre infini bien connu des écoliers qui sert à calculer la circonférence d'un cercle. Mais si Madrid et Dublin font partie du même cercle, ce dernier est plutôt vicieux. Il voit tourner de manière hypnotique le déficit, la dette, la rigueur et le manque de croissance. Cette inquiétante rotation ne se traduit pas encore par une sortie de route qui serait catastrophique pour la zone euro. Certes, ça grince, ça coince, les écarts de taux - les « spreads », disent les experts - sont plus tendus que jamais malgré l'unité monétaire, les rendements que doivent offrir les plus fragiles de la classe européenne demeurent à des niveaux dangereusement élevés. Mais l'attelage tient encore, malgré ses roues voilées. Sa chance, c'est que son train avant est solide, la France et surtout l'Allemagne attirant plus que jamais les investisseurs. En outre, dans la grande compétition mondiale, le chariot américain, plombé par ses déficits, subit aussi une trajectoire accidentée. Mais, au moins, lui n'est pas suspendu au bon déroulement de chaque adjudication de dette... pour l'instant. [email protected]
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