Il y a dix ans, Euronext donnait le signal des fusions

Par latribune.fr  |   |  582  mots
Il y a dix, le 22 septembre 2000, le monde des Bourses assistait à sa première fusion transfrontalière. Réunies dans une ancienne église amstellodamoise, les Bourses de Paris, de Bruxelles et d'Amsterdam liaient leur destin. « Euronext est née dans une vague d'enthousiasme après l'adoption de l'euro, avec la vision qu'un grand marché européen allait se développer, notamment celui des obligations privées. L'euro rendait la vision d'une Bourse en silo national un peu désuète », témoigne Jean-François Théodore, aujourd'hui administrateur de l'entreprise de marché devenue transatlantique et hier patron de ParisBourse. Si l'Europe bruissait alors de rumeurs sur le mariage éventuel de Londres et Francfort, c'est Euronext qui a donné le coup d'envoi d'une première phase de consolidation qui se déroulera jusqu'en 2007, bataille boursière acharnée à la clé. Pour la première bourse paneuropéenne, le calendrier s'accélère. Juillet 2001, la cotation en Bourse. Janvier 2002, le rachat du marché à terme londonien, le Liffe, à la barbe du London Stock Exchange. « Sans cette première étape, nous n'aurions jamais pu négocier avec la communauté britannique et le conseil du Liffe. Euronext a assis notre crédibilit頻, assure aujourd'hui Jan-Michiel Hessels, embarqué dans l'aventure à la présidence du conseil de surveillance d'Euronext et aujourd'hui président de Nyse Euronext. « Plus tard, en 2006, c'est notre position forte sur les dérivés mais aussi la technologie qui nous a permis d'attirer le New York Stock Exchange ».Cette dernière étape ne s'est pas faite sans résistance. Aujourd'hui encore, la délocalisation des centres informatiques dans la banlieue de Londres, comme la décision récente d'ouvrir un guichet à Londres pour attirer les sociétés étrangères, fait grincer les dents à Paris. Difficile d'imaginer ce que serait devenu Paris, Bruxelles ou Amsterdam sans cette fusion. « La logique appelait alors à une consolidation, pour des questions d'économies et de réduction de la complexité des échanges ». D'autres mariages auraient probablement eu lieu, selon Jan-Michiel Hessels. « La naissance d'Euronext a permis la mise en place d'une technologie unifiée et la création d'un marché centralis頻. En vigueur depuis novembre 2007, la directive Marchés d'instruments Financiers (MIF) a figé le mouvement de concentration. « L'Europe d'aujourd'hui n'est pas ce que nous pensions qu'elle serait», déplore Jean-François Théodore. «Nous espérions un univers plus intégré et plus fort. Certainement pas cet émiettement». En mettant un terme aux monopoles d'antan, la MIF a permis l'arrivée de plates-formes alternatives, comme Chi-X et Turquoise, et de dark pools (ces systèmes lancés par les banques et peu transparents). Les bourses historiques n'ont pu que constater l'érosion de leurs parts de marché. La crise financière n'a rien arrangé.« Aujourd'hui, nous assistons à une guerre d'usure entre plates-formes alternatives et Bourses historiques sans savoir qui va émerger et combien de temps les premières, non rentables, pourront tenir avec le seul financement de leurs actionnaires », observe Axel Pierron, du cabinet de conseil Celent. Un retour des fusions en Europe lui semble peu vraisemblable à court terme. « Le vrai débat des Bourses est international. Les marchés émergents, et notamment asiatiques, offrent des relais de croissance plus intéressants».« Les segments de croissance sont les dérivés, notamment en raison des modifications réglementaires en cours. Ce sont aussi les marchés émergents », reconnaît Jan-Michiel Hessels. National il y a dix ans encore, l'univers de jeu est définitivement devenu mondial et diversifié.