Pascal Gauthier veut conquérir la publicité Internet britannique

Il a l'enthousiasme du nouvel expatrié. Installé depuis la rentrée à Fulham, dans l'ouest de Londres, Pascal Gauthier multiplie les compliments sur la capitale britannique : « Je suis impressionné par la qualité de vie. »Le jeune homme, 33 ans, n'est cependant pas là pour profiter de l'automne ensoleillé. Il est venu prendre la tête des opérations de Criteo, une start-up française qui grossit très vite, étant passée de 20 à 70 employés en un an. À Londres, l'équipe comprend 12 personnes, et 8 embauches sont prévues d'ici à la fin de l'année.La spécialité de Criteo est le « reciblage publicitaire » sur Internet. « En clair, si vous allez sur le site de La Redoute, que vous regardez les pulls rouges, mais que vous n'achetez rien, notre travail est ensuite de vous retrouver quand vous êtes sur un autre site ? par exemple sur vos e-mails ? et de mettre une bannière publicitaire pour les pulls rouges de La Redoute. » Aucune des technologies nécessaires à ce « reciblage » n'est vraiment nouvelle, mais leur mise bout à bout est la valeur ajoutée proposée par Criteo. Surtout, l'entreprise ne se fait rémunérer que quand l'utilisateur clique sur la bannière publicitaire. « Nous prenons le risque financier de rechercher l'utilisateur. »des ambitions affichéesN'est-ce pas une menace contre la vie privée ? « Franchement, le fichage hors Internet fait nettement plus peur, répond Pascal Gauthier. À Criteo, on ne sait pas qui est l'utilisateur derrière l'ordinateur, ni même où celui-ci se trouve. Nous ne travaillons pas avec l'adresse IP (c'est-à-dire la signature numérique qui permet de repérer chaque ordinateur), mais simplement avec les ?cookies?. » Criteo a été créée en 2005 par Jean-Baptiste Rudelle (ex-fondateur de K-Mobile Kiwee, un service de téléchargements sur téléphones portables), ainsi que deux anciens de Microsoft. Pascal Gauthier n'a rejoint l'équipe que l'an dernier. Lui-même est un ancien de Yahoo France, où il s'occupait d'une équipe de 50 personnes, en charge des publicités. Il ne cache pas ses ambitions : « Après Yahoo, qui est une boîte très centralisée, je cherchais une start-up. Jean-Baptiste m'a convaincu en me disant : ?Je veux monter une boîte qui fasse 500 millions d'euros de chiffre d'affaires.?. »L'entreprise n'en est pas encore là et son chiffre d'affaires reste un secret. Tout juste sait-on qu'elle a 250 clients, et qu'elle a réuni 12 millions d'euros de trois fonds d'investissement (Index Ventures, AGF Private Equity, Elaia Partners). Une branche vient d'être ouverte aux États-Unis.Quant à la Grande-Bretagne, l'ouverture du bureau de Criteo remonte à juin 2008. Le pays est le premier d'Europe en termes d'e-commerce, avec un marché de 45 milliards d'euros en 2008, trois fois plus qu'en France. « C'est le marché le plus concurrentiel au monde, plus qu'aux États-Unis, souligne Pascal Gauthier. Il est donc important de réussir ici. »
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