« La coordination fiscale est essentielle »

Par latribune.fr  |   |  352  mots
Mario Monti (*)La crise a-t-elle fait perdre de vue le grand marché à certains États membres ?Il y a une tendance à réagir à la crise avec des instruments et des réflexes plutôt nationaux. Mais même avant la crise, on a vu des réticences, des oppositions face à deux grands chantiers pour un véritable marché unique européen. Je pense à la directive sur les OPA et à la directive services. Le président Barroso a donc cru opportun de se doter de quelques options et recommandations pour relancer l'entreprise du marché unique comme base de l'intégration européenne. Et il m'a demandé de l'aider en cela.Faut-il voir dans cette mission que vous confie José Manuel Barroso un signe de méfiance vis-à-vis de Nicolas Sarkozy ou d'Angela Merkel ?Il ne s'agit absolument pas de cela. Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel ont à c?ur, comme tous les chefs de gouvernement, l'importance du marché unique. Mais, chaque pays, dans des situations spécifiques concrètes, a du mal à vivre à fond les règles du marché unique. Il faut donc faire preuve de davantage de pédagogie politique. Il faut bien montrer que, si l'Europe veut jouer un rôle important dans l'économie et dans le monde, elle ne peut pas se passer de cette construction.Le marché intérieur de demain peut-il se passer d'une coordination fiscale ?C'est une question essentielle. Nous devons rechercher une nouvelle conciliation entre le marché et le social. Dans beaucoup de nos États, le grand marché est vécu comme une contrainte insupportable qui empêche les États d'offrir du social à leurs citoyens. Il y a sûrement des exagérations. Pour ranimer le marché unique, il faut examiner avec un esprit ouvert de nouvelles façons de réconcilier le marché et le social. Dans le passé, je me suis occupé de coordination fiscale, c'est peut-être un des éléments que cette réflexion devra prendre en considération.Propos recueillis par Y.-A. N., à Bruxelles(*) ancien commissaire européen, aujourd'hui chargé de réfléchir à la relance du marché intérieur.