Une ministre de l'économie au plus haut

Par latribune.fr  |   |  581  mots
olitiqueCe pouvait être l'année de tous les dangers, ce fut celle de tous les honneurs. Mise en difficultés en 2008, notamment par son propre camp, qui lui a peut-être fait payer son arrivée tardive en politique, Christine Lagarde est devenue la superstar de l'équipe Fillon, accumulant les récompenses. Elle a été élue meilleure ministre du gouvernement par ses pairs dans une séance d'autoévaluation réalisée pour « L'Express ». Le « Financial Times » (FT) l'a désignée ministre des Finances de l'année en Europe.Pourquoi tant d'éloges ? « Parce que l'économie française s'est révélée l'une des plus résistantes du monde industriel », explique le quotidien britannique. « La crise lui a donné l'occasion de faire valoir sa puissance de travail », explique son entourage. Une force qui s'est exprimée sur de nombreux fronts, obligeant la ministre à multiplier les déplacements en France et à l'étranger pour colmater les brèches ouvertes par la crise. En 2009, elle a effectué 31 déplacements dans l'Hexagone pour soutenir une entreprise, un secteur en difficulté, promouvoir tel ou tel dispositif gouvernemental de soutien à l'économie. Parce que la crise plonge ses racines dans la finance internationale, Christine Lagarde aura fait 50 fois ses bagages pour tenter de la résoudre avec ses collègues étrangers. Aux réunions du G20 organisées à Londres et à Pittsburgh, aux côtés de Nicolas Sarkozy, elle se bat pour faire entendre la voix de la France pour une régulation plus saine du système financier mondial.Face aux médias, celle qui a battu le record de longévité à Bercy détenu par Dominique Strauss-Kahn se fait plus réservée. Elle ne verse pas dans le triomphalisme lorsque des indicateurs conjoncturels passent au vert et place la lutte contre le chômage au-devant de ses priorités. « La croissance repart, même si la crise n'est pas terminée », ne cesse-t-elle de marteler. Une attitude modeste qui tranche avec celle affichée à son arrivée à la tête du ministère de l'Économie en 2007. « Vous avez devant vous un ministre de l'Économie qui se réjouit et qui jubile », s'était-elle enflammée sur Europe 1 lors de la publication du PIB 2007. Même attitude lors du premier bilan de la loi LME en juillet. Plutôt que d'insister sur la réduction des délais de paiement que cette loi impose, elle indique que des efforts restent à produire pour obtenir une baisse des prix des produits de grande consommation. pré carréSi elle s'empare des dossiers chauds, comme la rémunération des dirigeants ou l'accès des entreprises au crédit bancaire, en se faisant le plus souvent le simple relais de l'Élysée, elle a su se créer son pré carré. Ses combats ? Renforcer l'attractivité de la place financière de Paris, quitte à ne pas savoir quelle position prendre lorsque le sujet de la taxation des traders est évoqué, et surtout la lutte contre le surendettement des ménages. Le projet de loi Lagarde qui intègre des mesures destinées à protéger les consommateurs devrait être adopté début 2010.L'année 2010 sera-t-elle aussi gratifiante pour celle que certains ont vue à la tête de l'Eurogroupe, voire à Matignon ? Cette ancienne sportive de haut niveau qui a excellé en natation synchronisée et en course de côte le sait bien : se maintenir au sommet est plus difficile que d'y accéder.