Le franc suisse aimante les capitaux qui se désolidarisent de l'euro

L'euro a été pris entre deux feux mardi. Il a commencé par faiblir face à la plupart des grandes monnaies à la suite de la mise sous surveillance négative, après celle de l'Espagne la semaine dernière, de la note souveraine A1 du Portugal en vue d'une possible dégradation d'un voire deux crans par Moody's (voir ci-dessous). Au plus bas dans les transactions, la monnaie unique des Seize, (qui seront dix sept dans moins de dix jours), a une nouvelle fois menacé de crever le seuil de 1,31 dollar, chahutée par l'excès de zèle des agences de notation en cette fin d'année censée offrir une trêve. En contrepoids, l'euro a bénéficié du soutien de la Chine aux récentes initiatives européennes pour faire face à la crise de la dette souveraine. Le vice-Premier ministre chinois, Wang Qishan, a affirmé mardi que Pékin aiderait certains pays membres de l'Union Européenne à combattre la crise, mettant en avant « l'intérêt fondamental de la Chine et de l'UE dans le renforcement de leur coopération ». Rien de vraiment désintéressé puisque l'UE est le premier partenaire commercial de l'ex empire du Milieu, mais cette intervention verbale a permis à la monnaie unique de reprendre son souffle. Il n'empêche que dans cet incessant yo-yo de l'une des deux principales monnaies mondiales, les investisseurs cherchent la parade à des pertes de change potentielles qui pourraient ruiner leur année en passe d'être bouclée. Et ils votent pour le seul franc qui subsiste sur le marché, si l'on excepte le CFA: le Suisse. Pour la cinquième séance consécutive, la monnaie helvétique a pulvérisé un nouveau record historique de vigueur face à l'euro. Recul des exportationsLe franc suisse s'est hissé jusqu'à 1,2560 pour un euro, ce qui porte à 18 % sa revalorisation depuis le début de l'année. Au grand désespoir de la Banque nationale suisse qui assiste impuissante à la dégradation du solde commercial de la Suisse - ses exportations ont reculé de 3,4 % en novembre - et qui s'est retrouvée contrainte de laisser ses taux bloqués à un niveau voisin de zéro, alors qu'elle était tentée par une politique moins accommodante. Car, après l'échec de ses interventions musclées sur le marché des changes au premier semestre de cette année pour tenter de brider l'ascension du franc, elle avait du mettre un terme à cette stratégie qui fasait tache dans sa culture libérale. Les acteurs du marché des changes l'avaient mise en échec, en refusant de lâcher leur valeur refuge favorite, après lui avoir faire subir une traversée du désert prolongée durant les années qu'a duré le feuilleton sur la levée du secret bancaire suisse.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.