De la « Zapatera » à la « Merkelita »

C'était en 2004. Parmi les costumes sombres des présidents de région socialistes nouvellement élus, une veste blanche tranchait. C'était celle de Ségolène Royal, qui venait de ravir avec éclat le Poitou-Charentes au camp du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Et de gagner un surnom vitaminé, la « Zapatera », inspiré du patronyme du chef du gouvernement espagnol, l'inattendu José Luis Zapatero. On connaît la suite : la primaire de 2006, la présidentielle de 2007 et la guerre livrée et perdue pour la conquête du Parti socialiste. L'histoire aime bien l'ironie et retiendra sans doute qu'en ce début 2010 c'est la grande rivale de Ségolène Royal, Martine Aubry, qui se voit comparée à un leader étranger, en l'occurrence la chancelière allemande Angela Merkel. Un charisme de saucisse-fritesAprès la Zapatera, la Merkelita ? Martine Aubry a moyennement apprécié dimanche dernier sur RTL. Elle a bien saisi le côté? physique de l'hommage. N'est-ce pas le quotidien suisse « La Tribune de Genève » qui soulignait avec élégance cette semaine que la première secrétaire du Parti socialiste et la dirigeante allemande partageaient « un charisme de saucisse-frites » ?Les proches de la maire de Lille se délectent, eux, des similitudes pointées par la presse. Ils rappellent qu'en Europe, Angela Merkel est la figure opposée du président français, sérieuse et discrète, quand Nicolas Sarkozy se veut hyperactif et communicant. En France, Martine Aubry pourrait donc bien devenir cet anti-modèle, cette arme « anti-bling-bling », ce missile lancé sur le sarkozysme lors de la présidentielle de 2012. Au passage, rêvent les proches de Martine Aubry, la Merkelita terrasserait la Zapatera, coupable de trop aimer, elle aussi, les jeux du cirque médiatique. L'heure serait donc au sérieux, à l'austère, modèle Jospin rectifié Lionel, y compris et surtout dans les propositions.Séduire les centristesPetit flash-back : en novembre 2008, Martine Aubry a été élue à la tête du PS grâce à un front « Tout sauf Ségolène », une alliance improbable des strauss-kahniens, des fabiusiens et des membres de l'aile gauche du parti. Élue sur un programme qui excluait toute alliance avec le Modem et promettait un virage à gauche. Un an et quelques semaines plus tard, voilà que la première secrétaire du PS brise le tabou de la retraite à 60 ans, affichant un social-réformisme qui déconcerte nombre de ses alliés d'hier mais séduit les centristes et les Verts. La « dame des 35 heures », s'installe donc peu à peu dans son rôle de « Merkel à la française ». Ce qui va poser bien des problèmes aux autres présidentiables du PS que sont Dominique Strauss-Kahn et François Hollande. Pour le premier, il va falloir retrouver une sorte d'identité socialiste après des mois au FMI. Pour le second, pas de souci, son surnom éternel est « Culbuto » !
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