2009, morne saison pour les rachats d'actions

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Jamais les entreprises n'auront dû autant s'atteler à la préservation de leurs ressources en cash que durant la crise financière. L'ampleur de la restriction des budgets alloués aux acquisitions de leurs propres titres en apporte une nouvelle preuve. D'après « La Lettre Vernimmen », les rachats d'actions, nets de cessions, des sociétés du CAC 40 ont affiché, en 2009, un solde cumulé négatif de 70 millions d'euros.Une première depuis la publication du rapport Esambert en 1998, destiné à libéraliser cette pratique dans la limite de 10 % du capital des sociétés cotées. L'enveloppe consacrée à ce type d'opérations avait atteint 11,2 milliards d'euros en 2008, après un pic historique de 19,2 milliards d'euros en 2007. L'effondrement des chiffres de 2009, s'explique par une vague de cessions de titres autodétenus supérieure, en valeur, à la somme des rachats. Selon les équipes de Vernimmen, les reventes de blocs « trouvent le plus souvent leur fondement dans des stock-options arrivées à échéance, non levées du fait de la baisse des cours de Bourse et qui n'ont plus besoin de ce fait d'être couvertes par des actions autodétenues ». Pascal Quiry, coauteur de la lettre et professeur à HEC, rajoute que cela a permis à certaines entreprises de « faire rentrer de l'argent frais dans leurs caisses ». En clair, une bonne alternative pour améliorer les ratios financiers sans avoir recours, ni à la dette, ni à une augmentation de capital dilutive. Ainsi, Renault s'impose-t-il comme le champion de la cession de titres en 2009, avec un solde de rachat négatif de 127 millions d'euros, suivi de près par Danone (? 75 millions d'euros). Moins d'un quart des stars de la cote a procédé à davantage de rachats que de ventes de titres. Parmi elles, Essilor y a consacré l'équivalent de 1?% de sa capitalisation boursière. Sans pour autant que l'impact positif de la transaction sur le bénéfice par action du groupe se traduise sur son cours de Bourse. En 2009, la valeur a même accusé un léger retard par rapport au CAC 40, son indice de référence.En dépit du large trou d'air constaté l'an passé, Pascal Quiry ne pense pas que « la crise ait marqué une rupture définitive par rapport à l'emploi des rachats d'actions comme solution de redistribution du cash aux actionnaires ». Pour lui, il s'agit d'« un outil plus souple que le dividende dans la mesure où il peut être arrêté à tout moment ». L'expert reconnaît néanmoins que certains des plus gros contributeurs en matière de rachats d'actions manifesteront d'autres priorités. Il cite, par exemple, l'univers des banques, qui sont plutôt rentrées dans une logique de renforcement de leurs fonds propres, Sanofi, dont la priorité va, en ce moment, à la croissance externe, ou encore Total. Toutefois, il considère que le solde net des rachats d'actions pourrait redevenir positif cette année, notamment grâce une réduction du nombre de stock-options non exercées à l'échéance. nLa crise n'a pas marqué une rupture par rapport à l'emploi des rachats d'actions comme solution de redistribution du cash aux actionnaires »Pascal Quiry, professeur à HEC.