Renault se tourne enfin vers l'Asie-Pacifique

Malmené en Europe, Renault met enfin le cap sur l\'Asie-Pacifique, la région à plus forte croissance du monde. La zone « génère aujourd\'hui 10% seulement des ventes de Renault, alors qu\'elle représente la moitié du marché mondial », souligne Gilles Normand, Directeur de Renault pour les opérations en Asie-Pacifique. « Nous comptons y doubler nos ventes à plus de 500.000 unités entre 2012 et 2016 », affirme le dirigeant dans le cadre du salon de l\'auto de Shanghai qui a ouvert ses portes samedi aux professionnels.Projet en IndonésieRécemment implanté en Inde grâce à son allié japonais Nissan, en passe de s\'installer en Chine, Renault « étudie un projet industriel en Indonésie. Il faudrait boucler le dossier en 2013 », lâche Gilles Normand. « Il y a un fort potentiel ». L\'usine indonésienne pourrait démarrer vers 2016. La firme au losange évoque la fabrication d\'un 4x4 comme le Duster de la gamme « Entry » (entrée de gamme) du constructeur au losange - connu en Europe sous la marque Dacia - et un monospace pas cher et spacieux comme le Lodgy - également commercialisé sous le label Dacia sur le Vieux continent. Le Duster est aujourd\'hui fabriqué en Roumanie, en Russie, au Brésil et en Inde. Le Lodgy est produit pour sa part actuellement à Tanger, au Maroc. Cette implantation en Indonésie, sur un marché d\'un million de véhicules annuels, pourrait passer par une coopération avec Nissan, le constructeur japonais contrôlé par Renault, qui est très implanté dans ce pays où il prévoit une forte croissance.Feu vert en Chine « avant l\'été »En attendant, Renault espère enfin obtenir le feu vert des autorités de Pékin pour lancer la construction de son usine en... Chine. Celui-ci devrait « intervenir avant l\'été », affirme-t-on officieusement chez Renault. Le groupe tricolore doit s\'implanter industriellement à Wuhan, capitale de la province du Hubei. Cette usine aura une capacité de 150.000 véhicules par an, moyennant un investissement de 7,2 milliards de yuans (870 millions d\'euros), selon un document officiel sur le site du Bureau de protection de l\'environnement de la province. Cette co-entreprise avec le groupe chinois Dongfeng - qui est déjà le partenaire de Nissan en Chine, mais aussi de PSA - devrait produire des véhicules de type 4x4 et des modèles multi-usages, selon cette administration chinoise. Des voitures électriques sont aussi à l\'étude. Les négociations avait démarré en juin 2011. La fabrication de véhicules dans l\'ex-Empire du milieu « débutera avant la fin de 2016. On bénéficiera des plates-formes, des moteurs, des boîtes de vitesses, déjà fabriquées par notre partenaire Nissan sur place », indique Gilles Normand. Grâce notamment à ce soutien, la firme tricolore a les « moyens de mener en même temps les deux projets en Chine et en Indonésie ».Ventes dérisoiresSeul grand constructeur à ne pas être implanté industriellement en Chine à ce jour, Renault s\'était pourtant installé une première fois en 1993 pour y produire des minibus Trafic. Mais, les cadences étaient demeurées dérisoires et l\'expérience avait tourné court. A l\'heure actuelle, Renault écoule uniquement en Chine des modèles essentiellement importés de sa filiale coréenne Renault Samsung Motors, des 4x4 Koleos en très grande majorité, histoire de se roder, avec déjà 95 points de vente. « On a vendu près de 30.000 voitures l\'an dernier, en hausse de 22% ». Mais « Nissan en a écoulé plus d\'un million », reconnaît Gilles Normand. Les ventes de Renault sont évidemment dérisoires et le resteront tant qu\'il n\'y aura pas de production locale, alors que la Chine est le premier marché du monde.Forte poussée en IndeEn Inde, le groupe hexagonal produit déjà des véhicules, dans l\'usine Nissan de Chennai. « On a écoulé 1.500 voitures en 2011, 35.000 en 2012 et on vise 80.000 cette année. L\'objectif est de 150.000 ». Le réseau de distribution « comptait en début d\'année 100 points de vente et nous en aurons 145 fin 2013 ». Fierté du groupe : en mars, « Renault a dépassé Volkswagen » en Inde. Et ce, grâce surtout au succès du fameux Duster, qui a représenté le mois dernier « 5 à 6.000 ventes sur les 8.200 au total ». Logique : c\'est un 4X4 rustique, pas trop onéreux, bien adapté à l\'état des routes et « vendu au prix d\'une berline », que Renault essaye maintenant de « vendre aussi dans les zones rurales ». Quelques années à peine après le démarrage du projet en Inde, le constructeur « y gagnera de l\'argent dès cette année ». Pas si mal, quand on se souvient du cafouillage des débuts, avec une berline Logan trop longue et donc passible de taxes trop élevées.Fin des pertes en CoréeMais le succès en Asie-Pacifique passe également par le renforcement en Corée, où là la firme avait fait œuvre de pionnier en négociant avec succès, à la fin des années 90, la reprise des activités automobiles de Samsung. Mais, las. Renault Samsung Motors demeure un acteur trop faible en Corée, avec une gamme trop étroite et pas assez attractive, face au rouleau compresseur Hyundai-Kia. Un plan de relance a été lancé pour abaisser les coûts sur le site de Busan, en sous-production chronique. L\'usine doit notamment fabriquer désormais des 4x4 pour le compte de Nissan, afin de mieux faire tourner ses ateliers. Ces véhicules ne seront pas toutefois comptabilisés dans les ventes de Renault en Asie-Pacifique, puisqu\'ils seront écoulés sous le logo du japonais en Amérique du nord. Mais, « nous vendrons plus de voitures en 2013 qu\'en 2012 en Corée ». Et « nous n\'y perdons plus d\'argent », assure Gilles Normand. Déjà ça. 
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