Ils savent tout mais ils ne diront rien

Il y a ceux qui surprennent, comme Michèle Alliot-Marie qui, derrière sa retenue, affiche une élégance « un peu à l'ancienne ». « Elle fait pète-sec, mais en fait elle est très chaleureuse », assure Nicole M., qui l'a maquillée plus d'une fois. Ou Michel Rocard qui se révèle être un sacré « coquin », sourit-elle, « mi-séducteur, mi-blagueur ». Et il y a ceux qui sont dans la vie comme à la télé : Rachida Dati, « tout le temps au téléphone », cherche à attirer les regards vers elle. Ou la solidaire Arlette Laguiller qui, en arrivant, « demande si nos conditions de travail ne sont pas trop dures ». Intermittente du spectacle, Nicole M. maquille les hommes et les femmes de pouvoir sur les plateaux télé depuis trente ans. Entre les shows de Michel Drucker, les veilles d'élection présidentielle ou les JT, elle a fardé quasiment toutes les stars de la politique, de la chanson ou du cinéma. Non seulement elle les maquille, mais elle les bichonne : « On refait le noeud de cravate, on arrange un peu le tout. » Et elle les écoute : « Les politiques ont tout le temps besoin d'être rassurés, livre-t-elle. Souvent ils nous demandent ce qu'on a pensé de leur intervention, ce qu'on en a compris. C'est important pour eux. »Dans les coulisses, les maquilleuses assistent au bal des conseillers qui virevoltent autour de leurs patrons. Les Valls, Aubry, Bertrand ou Sarkozy écoutent les ultimes recommandations avant le passage à la grand-messe télévisuelle : révision des dossiers, des chiffres, attitude et communication. Rien n'est laissé au hasard. Le maquillage reste tout de même un moment de détente : « Avec nous, ils parlent de tout et de rien, constate la maquilleuse. Je peux aussi bien avoir une conversation de ménagère de 50 ans avec Dominique Voynet et discuter de son discours avec Benoît Hamon. » Puis, après le plateau, c'est l'heure d'un premier débriefing dans la loge : « Ils veulent savoir comment ils étaient. Mais les conseillers ne disent jamais quand ça ne va pas, ou s'ils ont été nuls. Ce sont des valets », lâche Nicole.Même à l'abri des caméras, le politiquement incorrect n'existe pas. La maquilleuse confirme : « Ils sont toujours sous contrôle, ils ne tombent jamais le masque. » Pas de disputes entre ces hommes de pouvoir mais un respect mutuel et du sang-froid en toutes circonstances. En trente ans de carrière, un seul s'est énervé : « Un technicien n'avait pas voulu serrer la main à Nicolas Sarkozy. On l'a entendu hurler, il est rentré dans une colère noire », rapporte Nicole. Pas de chance, dans les coulisses des plateaux télé comme ailleurs, les murs ont des oreilles.Aglaé de Chalu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.