Des statistiques très éloignées de la réalité

Que valent les statistiques d'investissements directs étrangers (IDE) ? Pas grand-chose ! Une étude de la Banque de France révèle que l'utilisation croissante de sociétés offshore par les multinationales lors d'opérations de croissance externe « majore artificiellement les flux d'investissements directs étrangers (IDE) ». Le biais est tellement important que l'OCDE a élaboré une nouvelle méthodologie permettant de corriger les distorsions. La Banque de France a appliqué ce nouveau mode de calcul à l'année 2008. Le résultat est assez décapant. Les investissements réalisés par des entreprises françaises à l'étranger n'étaient pas de 136,8 milliards d'euros mais de 80,1 milliards d'euros. Quant aux investissements des entreprises étrangères en France ils passent de 66,3 milliards d'euros à 9,7  milliards seulement ! De quoi relativiser l'attractivité de l'économie française. écarts spectaculairesAu coeur de ces écarts spectaculaires se trouve l'utilisation par les multinationales « d'entités à vocation spécifiques » ou special purpose vehicles (SPV) pour financer leurs opérations de rachats ou de fusions acquisitions. Ces structures sont le plus souvent implantées dans des paradis fiscaux qui n'ont pas grand-chose à voir avec le lieu dans lequel sont effectués les investissements. Ainsi, lorsqu'une entreprise française utilise son centre de trésorerie domicilié au Luxembourg pour acquérir une entreprise allemande via sa filiale à Jersey, les statistiques d'investissements directs - tirés de l'exploitation des données de balances de paiements - enregistrent toutes ces transactions. Un même investissement peut donc se démultiplier au gré des structures utilisées. Résultat, « sur les années 2000-2008, les investissements directs français à l'étranger et étrangers en France sont réduits en moyenne de 31 milliards d'euros par an », indique la Banque de France. Le stock d'investissements étrangers en France est lui aussi revu à la baisse. Il n'est en fait que de 406 milliards d'euros en 2008 alors que la présentation traditionnelle l'évalue à 712 milliards ! Xavier Harel
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