Pour protéger ses fleurons, Londres veut durcir les règles des OPA

Le gouvernement britannique envisage de rendre les offres publiques d'achat (OPA) plus difficiles. L'acquisition du chocolatier Cadbury par l'Américain Kraft en début d'année a été l'opération de trop. Vince Cable, le ministre des entreprises, l'a répété cette semaine : « il y a trop d'OPA qui prennent mal en compte les intérêts des actionnaires », a-t-il expliqué à un comité parlementaire. Il faut selon lui « jeter du sable dans le système », afin de rendre ces opérations plus compliquées. « Wimbledonisation »?Ces propos coïncident avec une consultation auprès des professionnels de marché lancée par le « Takeover Panel », qui supervise les offres publiques, pour en durcir les règles. Lancée le mois dernier, et se concluant mardi prochain, celle-ci suggère une réforme en profondeur : faire passer de 50 % à 60 %, voire 75 % le seuil minimum d'approbation par les actionnaires pour valider une OPA. Autre idée : les actions acquises pendant l'offre ne compteraient pas dans le vote, afin de ne pas donner de poids aux hedge funds, souvent actionnaires très récents de l'entreprise concernée. Les conseils d'administration devraient aussi expliquer de façon plus détaillée leur position. Autre proposition : que les frais payés au « Takeover Panel », actuellement au maximum de 90.000 livres (106.000 euros), soient fortement augmentés. Vince Cable s'est publiquement exprimé en faveur de cette dernière idée.Le « Takeover Panel » ne prend pas position. Il rendra de premières conclusions fin septembre, pour de possibles réformes début 2011. Le simple fait que la consultation ait lieu donne idée du changement de mentalité opéré en Grande-Bretagne depuis la crise.Autrefois, la théorie de « Wimbledonisation » dominait : peu importe que les joueurs de tennis britanniques ne gagnent jamais Wimbledon, tant que le tournoi se déroule en Grande-Bretagne. Et peu importe le propriétaire d'une entreprise, tant que celle-ci fait tourner l'économie britannique. Quand l'Indien Tata a racheté Jaguar et Land Rover début 2008, personne n'a rien dit ; de même quand EDF a acquis British Energy, les centrales nucléaires du pays, à l'automne 2008. La crise a remis en cause cette orthodoxie, et Cadbury, peu de temps avant les élections, a servi de symbole. Eric Albert, à Londre
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