Air France prépare l'ouverture de Paris-Tripoli 21 ans après l'attentat du DC10 d'UTA

Par latribune.fr  |   |  475  mots
Le sujet sera forcément douloureux pour toutes les familles des 170 victimes de l'attentat du DC10 d'UTA le 19 septembre 1989, attribué à la Libye. Et pour tous les anciens de cette compagnie française, dont bon nombre sont encore chez Air France depuis le rachat d'UTA en 1990. Selon plusieurs sources internes, Air France étudie « très sérieusement » l'ouverture de la ligne Paris-Tripoli. « Le processus d'ouverture de la ligne est lanc頻, explique un proche du dossier. Consultés par la direction, certains syndicats de pilotes ne se seraient pas opposés au projet, contrairement aux fois précédentes quand la direction nourrissait le même projet (en 2007, début 2010).La décision définitive sera prise à l'issue d'une « mission sûreté » menée par le pilote d'Éric Schramm, directeur général adjoint des opérations aériennes et membre du comité exécutif. Si cette mission est concluante, Air France assurerait la ligne Paris-Tripoli en Airbus A320 à raison de trois ou quatre vols par semaine. Ceci avec un avion et du personnel Air France et non par le biais d'une filiale ou d'une compagnie franchisée. Le transporteur tricolore rejoindrait les grandes compagnies occidentales déjà présentes en Libye comme Lufthansa, British Airways et KLM, l'autre grande filiale du groupe, qui profitent de l'ouverture et de la libéralisation de l'économie libyenne depuis la fin de l'embargo en 2003. La création d'un doublon entre Air France et KLM, toujours compliqué, se justifie notamment par la présence de la compagnie libyenne Afriqiyah Airways à la fois sur Paris et Amsterdam.Logique économiqueEn raison notamment de la clientèle professionnelle provenant de l'industrie pétrolière (mais pas seulement, il y a une quarantaine de filiales françaises en Libye) la ligne Paris-Tripoli pourrait être à l'équilibre économique dès la première année d'exploitation, explique-t-on chez Air France. Ce qui est très rare dans le secteur. Un potentiel qu'avait d'ailleurs voulu capter la défunte Air Lib en 2002 en ouvrant pendant quelque mois la ligne Paris-Tripoli. Pour autant, malgré sa logique économique, l'ouverture de cette ligne est toujours complexe. Et ce, même si le rapprochement politique entre Paris et Tripoli s'est accéléré en 2007, avec la très controversée visite à Paris du colonel Kadhafi. Car vingt et un an après, l'attentat au dessus du Ténéré du vol UT772 reliant Brazzaville à Paris via N'Djamena suscite toujours un profond ressenti chez les ex-UTA d'Air France. « La gestion émotionnelle sera délicate », explique un vieux routier de la compagnie. « Il n'y a pas d'opposition à ce que nous retournions à Tripoli mais il ne faut pas oublier », murmure un ancien UTA. En 2004, Paris et Tripoli ont signé un accord sur l'indemnisation des familles des victimes. Selon une source interne à Air France, la compagnie voulait s'assurer qu'il ait bien été respecté.