Budget russe : plus de militaire, moins de social

Par latribune.fr  |   |  420  mots
Le réarmement a le vent en poupe alors que l'armée russe se décide pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale à acheter des armes à l'étranger. Le ministère des Finances russe a publié hier sur son site Internet les principaux paramètres du projet de loi de Finance pour les années 2011, 2012 et 2013. Le document est examiné aujourd'hui par le Conseil des ministres et sera soumis au parlement russe le 1er octobre prochain. En termes nominaux, les dépenses augmentent sur les deux prochaines années (de 4,8 % par an) et surtout en 2013 avec un bond de 8,3 %. Toutefois, en termes réels, les dépenses diminuent de 2 % par an et n'augmentent que de 2,7 % en 2013. La crise a causé un déficit budgétaire de 5,9 % du PIB en 2009 après plusieurs années d'excédent budgétaire lié à l'afflux massif de pétrodollars dans les caisses de l'État russe. Le ministre des Finances Alexeï Koudrine continue d'exhorter ses collègues à la prudence budgétaire, alors que le pays se rapproche du scrutin présidentiel de 2012, année où la tentation d'accroître les dépenses sera certainement très forte. Ainsi, les dépenses sociales pour 2011 (72,5 milliards d'euros) plongent de 11,7 % avant de se stabiliser les deux années suivantes (en termes réels). Les dépenses consacrées au BTP connaissent une chute encore plus forte : ? 56,4 % en 2012 et ? 16,5 % en 2013. Le deuxième poste de dépense, la défense, connaît lui une forte hausse avec + 19,1 % dès 2011 et + 26,6 % en 2013 (pour atteindre alors 50,7 milliards d'euros). Scepticisme des économistesUn bond qui s'explique partiellement par le programme massif de réarmement annoncé par le ministère de la Défense russe, lequel comprend pour la première fois l'achat d'armements étrangers plus onéreux. Il ne s'agit pas uniquement des 4 navires Mistral français sur le point d'être commandés, mais aussi « d'équipement militaire américain de haute précision », a indiqué mardi le ministre de la Défense russe Anatoli Serdioukov à l'issu d'un déplacement à Washington. Malgré cet appétit pour les armes, le ministre des Finances annonce un déficit budgétaire d'environ 3 % sur les trois prochaines années et sa disparition dès 2015, ce qui laisse très sceptiques les économistes russes. En attendant, le gouvernement prévoit d'emprunter jusqu'à 10,4 milliards d'euros à l'étranger d'ici la fin 2011. La dette souveraine de la Russie devrait atteindre 41,6  milliards d'euros d'ici le 1er janvier 2012, selon le ministère desFinances.Emmanuel Grynszpan, à Moscou