Tour d'Europe du maquillage des comptes publics

Pour se conformer aux critères de Maastricht, qui oblige les pays membres à contenir leurs déficits publics sous les 3 % du PIB, il y a deux cas de figure. D'abord les pays qui veulent baisser les impôts comme l'Allemagne et la France. Outre-Rhin, alors que le déficit devrait représenter 3,5 % du PIB cette année, la nouvelle coalition des conservateurs et des libéraux envisage de créer un « fonds d'assurance sociale » de 50 milliards à 70 milliards d'euros dédié au financement de l'assurance chômage et de l'assurance-maladie. Ce mécanisme permettrait à la fois d'entamer une réduction apparente du déficit, qui devra être inférieur à 0,35 % du PIB à partir de 2016 selon la constitution, et de respecter les promesses de baisses d'impôts faites durant la campagne électorale. Les moyens alloués à ce fonds proviendraient d'un nouvel endettement, mais ces dépenses ne seraient plus comptabilisées officiellement dans le budget de l'État fédéral.creusement du déficitLe cas de la France est plus délicat avec un déficit qui devrait atteindre 8,2 % du PIB cette année, et 8,5 % en 2010. Dès lors faut-il procéder à un grand emprunt national permettant d'investir pour favoriser la croissance au risque de dégrader davantage les comptes publics, comme s'en alarment certains ? Pour ses défenseurs, les fonds du grand emprunt doivent être séparés rigoureusement du budget de l'État, afin de distinguer une mauvaise dette publique d'une bonne dette investie dans la croissance de demain. Mais cette présentation n'en masque pas moins un creusement du déficit qui tourne le dos à court terme à l'amélioration des comptes publics exigée par Bruxelles.Deuxième cas de figure, les pays qui recourent à l'impôt. L'Espagne, qui fait face à un déficit prévu à 10 % du PIB cette année, va augmenter en 2010 sa TVA de 2 % et ses impôts directs. L'Irlande, avec un déficit qui devrait atteindre 12 % en 2009, suit la même logique, mais cible uniquement les ménages et non l'impôt sur les sociétés pour ne pas décourager l'investissement étranger qui avait tant fait pour sa croissance avant 2008.Reste le cas de la Grèce. Le pays, qui vient de changer de majorité gouvernementale, prévoit un déficit de plus de 10 % de son PIB en 2009 contre 6 % prévus. Bruxelles s'est ému de ce dérapage et a diligenté une enquête pour expliquer cette dérive des chiffres. Romaric Godin et R. Ju.
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