Chères têtes grises

Par latribune.fr  |   |  353  mots
Un salon Planète seniors qui confirme que ces classes d'âge à la fois nombreuses, richement dotées et technophiles, sont une formidable opportunité pour la high-tech. Des opticiens qui se lancent dans le commerce hélas prometteur de prothèses auditives. Une Allemagne qui, bien que se portant fort bien dans le Bade-Wurtemberg, s'alarme d'une population qui se rétrécit à grande vitesse jusqu'à ne pouvoir fournir les forces nécessaires au maintien de sa prospérité. Et la France qui se réjouit de voir sa natalité résister à la plus grave crise depuis la guerre... Voilà un numéro de « La Tribune » qui, au fil des pages et sous les rubriques les plus diverses, dit une chose essentielle : la démographie et, plus particulièrement, l'incroyable allongement de la durée de la vie, structurent en profondeur nos marchés, notre économie, notre société, et jusqu'aux interrogations de notre temps, autour du « comment bien vieillir ». Cette armée de seniors riches et en bonne santé serait une excellente nouvelle, si ce nouveau moteur de la croissance ne reposait en fait sur un gigantesque transfert en faveur de générations déjà très gâtées par la vie. Car les entreprises ne sont pas les seules à choyer ces « chères têtes grises. » Nos plus hauts responsables politiques comme nos élus locaux se montrent toujours plus empressés de soigner cet électorat qui pèse si lourd dans les urnes, au point que plus de 60 % des transferts sociaux financiers profitent aujourd'hui aux plus de 60 ans, lesquels ne représentent que 23 % de la population. Quelle part capteront-ils quand ils pèseront un tiers de la population ? Qu'il y ait des transferts nets entre générations est le signe d'une société civilisée qui a su organiser la cohabitation entre les âges. Que ces transferts profitent toujours aux mêmes et cela de façon massive, surtout quand ils ont été bénis des Dieux tout au long de leur vie, est une question qui promet de fissurer le coeur de notre contrat social. vsegond@latribune.f