Vitesse et dérapage

Par latribune.fr  |   |  345  mots
François Fillon, on le sait, est un amoureux de l'automobile. Et même s'il se définissait, jeudi soir, comme un "très médiocre pilote du dimanche", confessant même être tombé dans un ravin avec sa voiture le jour de son départ en voyage de noces, les dérapages ne sont pas dans ses habitudes. Pour autant, les piques lancées par le Premier Ministre contre les défenseurs de l'environnement ou de la sécurité routière, au nom de la sacro-sainte liberté de l'automobiliste, laissent une impression très ambigüe."Derrière l'acharnement de certains contre l'automobile, il y a, au fond, le rêve d'une société qui, au prétexte des dangers réels qui menacent l'individu, nie sa liberté", a expliqué François Fillon devant un public tout acquis à ce discours. Que l'automobile soit un formidable instrument de liberté, nul ne peut le nier. Au-delà, elle est aussi et avant tout, pour nombre d'individus, un outil indispensable de la vie quotidienne, sans lequel le travail devient difficile, voire impossible.Mais la sécurité routière ne mérite-t-elle pas quelques entorses à la liberté des conducteurs? Les radars et la peur du gendarme, tellement vantés et utilisés par ce gouvernement, ont sauvé des milliers de vies humaines ces dernières années, les statistiques le prouvent. Et c'est tant mieux.Quant à la défense de l'environnement, faut-il la réduire à une attaque contre la liberté? Après l'enterrrement de la taxe carbone puis de celle sur les poids lourds, après le "l'environnement, ça commence à bien faire", lancé par Nicolas Sarkozy aux agriculteurs, le vert n'est décidément plus à la mode au gouvernement. Il est vrai que cette couleur déplaisait à pas mal d'électeurs. Et que l'électeur est aujourd'hui un individu précieux qu'il convient donc de caresser dans le sens du poil. Quitte à se renier. Et à revenir sur des engagements que l'on présentait, voilà quelques mois encore, comme majeurs, "les plus importants depuis l'abolition de la peine de mort".