Drones : la France va voler américain

Plus de dix ans que la France tâtonne dans la mise en oeuvre de sa stratégie industrielle dans le domaine des drones... alors que toutes les armées du monde sont aujourd\'hui complètement \"addict\" à ces engins volants pilotés à distance sur les théâtres d\'opération. Avec tous les succès connus en Afghanistan et en Libye, notamment. Mais malheureusement, la France est à la traine. \"Nous avons du retard sur un sujet essentiel\", a confirmé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de son audition devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, le 11 juillet dernier. \"D\'où la nécessaire remise à plat\" que le ministre avait annoncé lors de son arrivée à l’Hôtel de Brienne. On devrait très rapidement en savoir un peu plus sur sa stratégie en la matière lors de sa visite à Londres mardi où il devrait annoncer toute une série de décisions en matière de drones... qui risquent d’être pour le moins controversées. \"J\'avais dit que je prendrai une décision vers la mi-juillet. Ce sera au plus tard aux environs du 24 juillet\", a-t-il indiqué aux sénateurs. On est donc dans le vif du sujet.Et Jean-Yves Le Drian s\'achemine tout droit vers un achat d\'un drone américain. \"Il n’y a pas actuellement d’offre nationale ou européenne disponible sur le marché en matière de drones. Il faut faire des choix et préparer des alternatives, avec des perspectives européennes\", avait-il expliqué début juillet aux députés de la commission de la défense. Jean-Yves Le Drian préparait déjà visiblement les esprits à un achat sur étagère de drones américains, le célèbre Predator, très apprécié par l’armée de l’air française. Selon le blog \"Secret défense\", qui cite une source dans l’entourage du ministre de la Défense, la France va acheter des Predator.Des capacités insuffisantes en matière de drone MALEExit donc la solution intérimaire franco-israélienne choisie le prédécesseur de Jean-Yves Le Drian, Gérard Longuet. \"Je ne considère pas que la solution qui est aujourd\'hui sur la table puisse être considérée comme définitive\", a-t-il affirmé devant les sénateurs. L’été dernier, Dassault Aviation avait pourtant été sélectionné aux dépens de son grand rival, le groupe européen EADS, qui proposait le drone Talarion. Le ministère avait alors décidé d\'entrer en négociations avec l’avionneur, qui proposait la francisation d\'une plateforme israélienne Heron TP, rebaptisée Voltigeur au salon Eurosatory, en vue de remplacer les drones Harfang (plateforme israélienne) fabriqués par EADS et Le constructeur tricolore, qui attendait la notification de ce contrat, espérait vendre trois systèmes de trois ou quatre unités chacun à la France.Il n’est que temps que la France se décide. D’une part parce que les drones Harfang sont en bout de vie. Et surtout, comme l’a révélé aux députés de la commission de la défense, le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, certaines capacités en matière d’équipements militaires \"sont notoirement insuffisantes – je pense en particulier aux avions de ravitaillement ou aux drones volant à moyenne altitude et de longue endurance (MALE)\". Et d’enfoncer le clou : \"les drones MALE sont quasiment les seuls à pouvoir faire certaines choses mais je n’en ai pas assez\". Le drone Watchkeeper équipera l\'armée de terreAutre décision de Paris,  Jean-Yves Le Drian s’est laissé tenter par les drones tactiques Watchkeeper, fabriqués par Thales et groupe Elbit à partir de la plate-forme israélienne Hermes 450. Paris et Londres devraient annoncer une nouvelle avancée dans les drones tactiques. Selon nos informations, un contrat d’évaluation du Watchkeeper d’un montant de 8 millions d’euros serait révélé mardi par Paris. En revanche, la volonté de créer une unité commune entre la France et la Grande-Bretagne dans les drones tactiques était toujours en suspens. L\'armée de Terre française, qui en avait fait une de ses priorités pourrait ainsi s\'équiper, à l\'image des troupes britanniques, des Watchkeeper à terme. La Grande-Bretagne en a commandé elle 54 exemplaires.Un programme de drones devrait susciter une coopération. \"Il faut évidemment en profiter pour faire de la coopération\", a estimé le ministre. \"Le problème est que nous n\'avons pas tous les mêmes compétences en matière de drones avec les pays susceptibles de travailler avec nous. Nous avons un accord avec les Britanniques sur les drones de combat, les UCAV. Ce n\'est pas contradictoire, ce n\'est pas la même échéance, avec les drones MALE\". Cela irait dans le sens de la politique souhaitée par Jean-Yves Le Drian. \"Nous voulons relancer l\'Europe de la défense et je tiens à ce que nous prenions des initiatives, à l\'heure où les États-Unis se tournent vers l\'Asie et où leurs coupes budgétaires dans le domaine militaire vont accroître la concurrence entre les industriels. Il me paraît impératif de prendre des initiatives capacitaires, tout autant que de définir ensemble nos intérêts globaux en matière de défense. Le dernier document stratégique européen date de 2003, il mériterait d\'être actualisé\". A suivre car l’Allemagne et la Grande-Bretagne sont toujours très réticents au moment de passer aux actes. 
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