Comment sortir de l'excès d'endettement

Par latribune.fr  |   |  382  mots
Depuis quinze ans, l'endettement public et privé du monde a beaucoup augmenté : selon Patrick Artus chez Natixis, il est passé de 140 % du PIB mondial en 1995 à 180 % aujourd'hui, gonflé à peu près à parité par l'endettement du public et par celui des agents privés dans l'ensemble des pays. Pourtant, sur cette même période, le poids du service de la dette sur les revenus du monde a beaucoup baissé grâce à la chute spectaculaire des taux d'intérêt nominaux, les taux moyens à trois mois ayant été divisés par sept, et les taux à dix ans par deux et demi. Alors que les taux ne peuvent que remonter, et ont commencé à le faire depuis novembre pour les taux longs, la question de la soutenabilité de cet endettement à l'échelle du monde est donc clairement posée pour les années à venir. Faire repartir l'inflationSi, avec la hausse des taux, le monde prenait soudainement conscience de son excès d'endettement par rapport aux revenus qu'il génère, il pourrait vouloir, comme le consommateur américain, épargner davantage. Or, révèle également Patrick Artus, le taux d'épargne global a lui-même très légèrement augmenté, à un peu plus de 25 % du PIB mondial. Et ce, grâce à l'explosion de l'épargne chinoise, passée de 35 % de son PIB en 2001 à 60 % en 2008, et au transfert de revenus vers les pays producteurs de pétrole. Mais aussi, grâce à un partage global de la valeur ajoutée trop favorable aux profits des entreprises, c'est-à-dire à l'épargne. Or, estime Patrick Artus, « le monde étant en situation de sous-emploi keynésien, toute augmentation supplémentaire de l'épargne se traduirait par un fort ralentissement de la croissance mondiale, ce qui augmenterait le poids relatif de l'endettement. » Le risque est donc que l'excès d'endettement se transforme en excès d'épargne. Aussi, recommande-t-il, la façon la moins douloureuse de réduire le taux d'endettement mondial, est de faire repartir l'inflation par la hausse des salaires, qui entraînera la baisse des taux d'intérêt réels. Une manière d'opérer un transfert de revenus des prêteurs vers les emprunteurs, en clair de resolvabiliser ces derniers, tout en réduisant le taux d'épargne mondial, celui des prêteurs étant trop élevé.