Comment Free inclut le mobile dans sa Box

Par latribune.fr  |   |  625  mots
Une telle offre, cela sent un peu la panique », ironisait un des dirigeants d'un concurrent de Free à l'annonce de la nouvelle offre commerciale du numéro trois français de l'ADSL. Inclure en illimité les appels vers tous les opérateurs mobiles en métropole depuis sa Box dans son forfait d'accès à Internet serait un acte purement défensif, désespéré même, de la part de Free pour relancer sa dynamique commerciale en berne depuis trois trimestres. Il est vrai que l'inventeur du forfait « triple-play » (Internet, TV, téléphone fixe), dont le réseau mobile n'ouvrira que dans un an, se devait de réagir face au succès des offres couplées fixe-mobile de Bouygues Telecom (Ideo) et d'Orange (Open). Mais c'est un risque bien calculé que prend Free. Sa nouvelle offre, même renchérie à 35,98 euros, pourrait faire plus de mal à ses concurrents qu'à sa propre marge opérationnelle, l'une des plus élevées du secteur en Europe. D'une part, Free ne se lance pas dans l'inconnu. Il dispose déjà d'informations précieuses sur la consommation potentielle des abonnés Internet vers les mobiles, qui semblent l'encourager à la sérénité. Alice, l'autre fournisseur d'accès contrôlé par sa maison-mère Iliad, compte plusieurs dizaines de milliers de clients à son offre incluant 4 heures d'appels vers les mobiles par mois (à 29,99 euros pendant 12 mois puis 39,99 euros). « Les volumes rapportés à l'abonné ne sont pas énormes en général », relève un fin connaisseur du secteur. Selon un analyste, ils appelleraient en moyenne 2 heures par mois, 3 heures pour les plus bavards, contre 10 minutes pour ceux de Free, qui ont tendance à se restreindre, puisqu'ils sont facturés près de 30 centimes l'appel et entre 5 et 30 centimes la minute. « Si les abonnés explosent le compteur à 200 minutes, cela coûtera 6 euros à Free », calcule cet expert, soit peu ou prou le surcoût de l'abonnement (hors coût de la nouvelle Box). Pour chaque appel, Free reverse en effet une somme fixée par le régulateur à l'opérateur mobile appelé, soit 3 centimes vers Orange et SFR et 3,4 centimes vers Bouygues Telecom. Presque trois fois moins qu'il y a trois ans. Tarifs d'interconnexionC'est l'autre versant du pari de Free. L'opérateur sait que le gendarme des télécoms, l'Arcep, va poursuivre la baisse de ces tarifs d'interconnexion, appelés terminaisons d'appel mobile, et à très court terme. « La terminaison d'appel tombera à 2 centimes dans six mois, voire en dessous, soit 30 % à 50 % moins cher qu'aujourd'hui », table-t-on chez Free. Une estimation « crédible » reconnaît-on à l'Arcep. L'Autorité de régulation a ouvert mercredi une consultation publique sur le sujet, avant de fixer au printemps les nouveaux tarifs pour les deux ans à venir, l'objectif étant d'atteindre 1,3 centime fin 2012. Les services de l'Arcep conviennent que « Free ne prend pas un trop gros risque à ce stade ». Sur la durée de l'abonnement, « le vrai coût de l'illimité mobile pour Free se situe plutôt autour de 4 euros », estime un analyste. L'équation financière n'est donc pas aussi audacieuse qu'il y paraît. L'action Iliad a progressé de 1,7 % depuis l'annonce du 14 décembre. L'offre de Free risque-t-elle en revanche de casser le marché et provoquer une hémorragie chez les concurrents ? Orange relève qu'il inclut déjà 1 heure d'appels vers les mobiles dans ses offres haut débit. SFR, qui facture 7 euros son option 2 heures vers les mobiles, a proposé à certains clients sur le départ 4 heures d'appels gratuites pendant six mois. Si les défections s'accélèrent, la concurrence devra peut-être s'aligner. Car Free pourrait bénéficier d'un effet d'aubaine lorsque les abonnés à Internet découvriront que leur forfait augmentera de 2 à 3 euros par mois à cause du relèvement de la TVA...