Pierson invente la cuisine désintégrée en chêne massif

Arrivé aux commandes de l'usine de meubles Pierson voici dix ans, Franck Souquet (35 ans) aborde sa première crise majeure avec aplomb. Pour contrer la chute brutale du mobilier moyen et haut de gamme, tout particulièrement à l'export où elle réalise la moitié de ses ventes, la PME de quatre-vingts salariés basée à Saint-Mihiel (Meuse) a abordé cette année le marché des meubles de cuisine. Sa nouvelle ligne, Chef, lui a valu l'été dernier le prestigieux label Via (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement). « Nous proposons une alternative aux cuisines intégrées sur mesure qui perdent toute valeur de revente une fois posées. Nos cuisines désintégrées se composent d'éléments séparés qui peuvent accompagner le locataire dans ses déménagements », explique Franck Souquet. Adaptable à tout type de pièce, la ligne propose des modules évier-plan de travail mariant granit et chêne massif, des colonnes de cuisson pour four et micro-ondes, des armoires surélevant le lave-vaisselle pour éviter de se pencher, ou encore des placards intégrant une cave à vins. Référencée par les deux principales centrales de cuisinistes français, la ligne Chef représente déjà plus de 20 % du chiffre d'affaires de l'an passé, ressorti à 15 millions d'euros. Elle lui a valu fin 2009 un prix spécial du jury décerné par le Cercle Économique Lorrain, récompensant les « Initiatives » des entreprises régionales.100 ans d'âgeCes éléments de cuisine ont complété une offre de mobilier contemporain entièrement revisitée. Premier fabricant français à avoir décliné le chêne massif selon un design contemporain, Pierson regroupe sous sa marque Linium quelque 500 références de salles de séjour, salons et chambres à coucher. Les quatre prototypistes de l'entreprise adaptent en permanence les améliorations techniques ? nouvelles rallonges des tables, battants coulissants, freins à la fermeture, etc. ? d'une catégorie de meubles à l'autre. Menuisiers, ébénistes, sculpteurs et cireurs formés aux techniques traditionnelles fabriquent des meubles à tenon et mortaise, à la fois indestructibles et démontables. Pierson utilise exclusivement du chêne massif de 100 ans d'âge certifié PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification), issu des grandes forêts de bois noble attenantes. Patinés à l'huile de lin et déclinés à la demande dans une dizaine de coloris, les meubles sont référencés auprès de cent cinquante concessionnaires français. Une plaque numérotée garantit l'unicité de chaque produit.Procès pour contrefaçonDe tels gages de qualité auraient dû placer l'entreprise à l'abri d'une concurrence moins haut de gamme. Las, Pierson s'est fait tailler des croupières par des fabricants européens recopiant ses modèles au détail près pour les commercialiser à des prix très inférieurs sous l'enseigne Patrimoine de France ! La PME a gagné cet été un procès pour contrefaçon contre une entreprise portugaise, mais les dommages et intérêts de 150.000 euros, non encore versés, compenseront à peine les frais de procédure. « Les marques françaises sont d'autant plus vulnérables à la contrefaçon qu'elles manquent de reconnaissance et de visibilit頻, estime Franck Souquet. Une nouvelle génération de meubles modernes et inusables pourrait pallier cette carence.
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