Glasgow, l'attraction artistique

Par latribune.fr  |   |  876  mots
Fini la déprime de l'ère postindustrielle. Place aux artistes, plasticiens, architectes, designers. La ville la plus peuplée d'Écosse s'avère une capitale culturelle extrêmement dynamique tandis qu'elle redécouvre son passé lié à l'Art nouveau.Joyau de la révolution industrielle, la bâtisse de grès rouge du musée de Kelvingrove trône au milieu du parc du même nom. À l'intérieur, c'est un cabinet de curiosités : une aile abrite animaux empaillés, costumes et instruments traditionnels des îles du Pacifique. À l'opposé, les maîtres hollandais y côtoient les impressionnistes français, dénichés, raconte-t-on, par les riches marchands de Glasgow avant que leur cote ne monte en flèche. Un orgue monumental accueille le visiteur dans le hall, chaque jour, on peut y entendre gratuitement des récitals. Depuis 2006, date de sa réouverture, 6 millions d'individus ont arpenté ses galeries.Dans une petite pièce au rez-de-chaussée commence la piste de l'artiste le plus charmant de Glasgow : Charles Rennie Mackintosh. Architecte, designer, cet Écossais a marqué la ville de son empreinte au tout début du XXe siècle. Ses oeuvres - mobiliers et bâtiments - se distinguent par la pureté et l'audace de leurs formes. À Kelvingrove, on peut en admirer quelques-unes ainsi que la reconstitution du salon du maître. Mais il faut définitivement se rendre à la Glasgow School of Art, dans le centre, pour prendre la mesure réelle de son talent. Atypique, le bâtiment se visite à l'initiative des étudiants, fiers de faire découvrir le patrimoine dont ils héritent, et ses curiosités architecturales : des coursives panoramiques au bureau du directeur doté de son propre atelier jusqu'à la bibliothèque ancienne, perle du style Arts & Crafts, qui allie fonctionnalité et sens du détail. En parcourant les couloirs du bâtiment on devine l'atmosphère d'une véritable abbaye de Thélème, où les étudiants, logés dans les ateliers, laissent libre cours à leur créativité et perpétuent ainsi le souhait de Mackintosh. Ils y font leurs armes en peinture sculpture, design architecture. Et la renommée de l'école dépasse les frontières du Royaume-Uni.Sur la route de Mackintosh, « The House for an Art Lover » doit son nom au concours organisé au début du XXe siècle par un magazine allemand et qui consistait à dessiner les plans de la maison idéale pour un riche mécène. Si Mackintosh n'a pas remporté le concours, la bâtisse est tout de même sortie de terre sous l'impulsion d'un « enthousiaste ». Havre de l'Art nouveau, l'équilibre et la pureté des formes et des volumes y assurent le ravissement du visiteur. Mais l'Art nouveau et la tendance Arts & Crafts ne sont pas les seules composantes de l'âme de Glasgow. Point de convergence des routes maritimes mondiales dès le XVIe siècle, ses marchands se sont considérablement enrichis en important du sucre et du tabac des Amériques. Et, au moment de la révolution industrielle, le fer et le charbon. Florissante, l'industrie navale tombe en désuétude à la fin des années 1960. Les docks et les entrepôts des bords de la Clyde abandonnés aux herbes folles désormais renaissent ou laissent la place à des quartiers résidentiels et des projets pharaoniques tel le futur musée des Transports, logé dans un étonnant bâtiment en forme de vague, signé Zaha Hadid. À l'intérieur, rien de moins que le train de Harry Potter, des murs de voitures de collection (des vraies, pas des miniatures) et les wagons du tramway, en service jusqu'en 1962.En suivant le cours de la Clyde, le fleuve qui se jette au nord des Lowlands, l'imposante silhouette du Briggait, l'ancien marché aux poissons, soudain se découpe sur la rive. Reconvertis, ses 2.000 mètres carrés accueillent désormais 80 artistes et associations en résidence. Glasgow doit beaucoup de son rayonnement récent à ses artistes, notamment à ses musiciens. Franz Ferdinand, Belle & Sebastian, Texas, Simple Minds, tous ces groupes de renommée internationale sont originaires de la troisième ville du Royaume-Uni. Sans oublier AC/DC que Malcolm Young, originaire de l'ancienne cité industrielle, a fondé ; son frère Angus étant le guitariste soliste du groupe. Gageons que les sensations du rock de demain se produisent dans les bars de Merchant City. Parmi les reconversions réussies, citons aussi celle de l'ancien tribunal de commerce de Glasgow, transformé en gigantesque et flamboyant club, un temple de l'épicurisme avec ses bars, son restaurant, ses terrasses, sa discothèque et ses innombrables salons. Plus haut, le noble bâtiment de l'Automobile Club est devenu un hôtel non moins chic : le Blythwood Square Hotel. La rue attenante s'émaille de clubs, très animés le week-end. En bons noceurs, les Glaswégiens ne cessent de créer des endroits atypiques et originaux bien souvent coincés dans l'entresol des maisons bourgeoises.Tantôt sévère, tantôt excentrique, des résidences bourgeoises victoriennes du West End en grès blanc aux façades en briques rouges des anciens entrepôts des bords de la Clyde, Glasgow dégage une effervescence contagieuse.