Concours de beauté devant les salariés du « Monde »

Par latribune.fr  |   |  494  mots
A peine deux heures pour convaincre. Les candidats à la reprise du « Monde », les deux trios Perdriel-Prisa-Orange d'une part, Bergé-Niel-Pigassse de l'autre se sont livrés jeudi à un grand oral digne de celui de Sciences Po devant les salariés du quotidien. Un rendez-vous jugé décisif, estimaient jeudi matin beaucoup de journalistes pour qui rien n'était encore joué. Vendredi, les membres de la Société des Rédacteurs du Monde (SRM), l'actionnaire de référence du journal, voteront en faveur de l'un des deux candidats. Sauf surprise, ce dernier sera futur propriétaire du groupe qui édite outre le quotidien du soir Télérama, Courrier International, La Vie, qui détient le Monde Imprimerie et qui contrôle Le Monde Interactif. Un choix qui sera soumis lundi 28 juin au Conseil de surveillance du groupe. Premier à se lancer, Claude Perdriel, le patron du Nouvel Observateur, accompagné de son dauphin Denis Olivennes, de Stéphane Richard, le directeur général de France Télécome;lécom venu avec le secrétaire général du groupe Pierre Louette, et de Juan Luis Cebrian, le directeur de l'espagnol Prisa. La parole a été ensuite donnée au banquier Matthieu Pigasse, à l'homme d'affaires Pierre Bergé et au président fondateur de Free, Xavier Niel, tous trois venus défendre leur projet de reprise baptisé « Projet World ». CafouillagesSelon différents participants, il y aurait eu quelques cafouillages entre Claude Perdriel et Juan Luis Cebrian, qui se sont contredits notamment sur l'éventualité de faire du « Monde » un quotidien du matin. « Claude Perdriel a séduit l'assemblée avec son offre qui repose sur deux groupes de presse mais l'ombre d'Alain Minc (ancien président du conseil de surveillance) était trop présente », estime un journaliste du « Monde ». L'information dévoilée par le Figaro donne raison aux opposants d'Alain Minc. Malgré le démenti de l'homme d'affaires à « La Tribune », tout l'état-major du groupe de presse espagnol Prisa aurait déjeuné avec Bruno Patino (actuel directeur de France Culture et ancien directeur du Monde Interactif) et Alain Minc dans les bureaux parisiens de ce dernier afin de préparer la présentation de son offre. Offfre à 100 millionsSi financièrement, chaque offre tourne autour des 100 millions d'euros, les deux candidatures n'ont pas la même approche concernant la stratégie numérique du groupe et c'est là que la différence pourrait se faire. Selon des phrases fournies sur le site Twitter par des participants, la patron du Nouvel Obs aurait déclaré : « Internet c'est une rupture de la vie privée, c'est très dangereux », « Le Monde Interactif n'existerait pas sans le sacrifice du Monde ». Contrairement à ce projet qui veut maintenir le Monde Interactif dans une structure distincte, l'offre Bergé-Pigasse-Niel prône un rapprochement entre les rédactions web et papier. « Il ne faut pas raisonner en opposition de support, en mettant le web contre le papier », aurait déclaré Xavier Niel.