Le regard politique d'Hélène Fontanaud : Nicolas, Martine... et Marine

Vous prenez une réforme risquée, qui comprend le report de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. Vous ajoutez une affaire où sont mêlés le nom d'une des premières fortunes de France et celui du ministre du Travail responsable de ladite réforme. Vous n'oubliez pas de saupoudrer le mélange d'une pincée de polémiques sur le train de vie de plusieurs ministres du gouvernement, au moment où la rigueur est de mise pour l'immense majorité des Français. Et vous obtenez un cocktail explosif. Détonnant. Qui sera peut-être à consommer sans modération lors de l'élection présidentielle du printemps 2012.Charge symboliqueC'est un secret de polichinelle. Nicolas Sarkozy est en campagne. Par je ne sais quelle modestie, le chef de l'État a indiqué qu'il ferait « uniquement de la politique » à partir de l'été 2011. Alors qu'il en fait chaque jour que Dieu fait depuis son élection en 2007. Cette semaine, Nicolas Sarkozy était partout et nulle part puisque les caméras, les appareils photo et les micros n'ont pas été autorisés à le suivre quand il s'est rendu à La Courneuve mercredi soir ou quand il a reçu l'attaquant vedette des Bleus, Thierry Henry, jeudi midi à l'Elysée. Mais ces ajouts à l'agenda présidentiel étaient lourds d'une charge symbolique : la banlieue, que le candidat Sarkozy voulait « karchériser » en 2005, pour éliminer l'insécurité, et le football, sacré comme thème unificateur de la France de 1998 avant de devenir le marqueur du délitement national de la France de 2010. Le vent mauvais des « affaires »Si l'Élysée, Matignon et le gouvernement mettent en scène un affrontement droite-gauche classique sur la question des retraites, dans la perspective d'un duel entre Nicolas Sarkozy et Martine Aubry en 2012, il y a dans la tête du chef de l'État la crainte d'un tout autre scénario. Il suffit de surfer sur les sites d'actualité sur Internet pour voir que les thèses du Front national reprennent de la vigueur, comme des braises puissamment ranimées par le vent mauvais des « affaires », sur fond de crise économique. Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy s'apprête à annoncer lui-même la nature de la diète qu'il entend imposer aux cabinets ministériels et aux administrations publiques. Parce qu'en 2012, il préfère de loin affronter Martine plutôt que Marine. Parce qu'il pense pouvoir battre la première au second tour de la présidentielle alors qu'il redoute d'être éliminé par la seconde au premier tour.
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