Le carnet de bord décalé de Fabio Marquetty et Gaël Vautrin

STRONG>Lundi. Monnaie de pandaJ-5 avant le coup d'envoi de la réunion du G20 en terres canadiennes. Hu Jintao, le président chinois, s'agite en coulisses pour préparer l'événement. Il prend soin de glisser des petits messages personnels pour chaque chef d'État dans des « fortune cookies », ces fameux gâteaux-surprises très prisés outre-Atlantique. Le dirigeant de l'Empire du Milieu a fait le choix de la sobriété plutôt que des longs messages personnalisés. Rien de tel pour ménager les susceptibilités des grandes puissances occidentales qui ont, sous la houlette du très véhément Oncle Barack, exigé la fin de cinq années de concurrence monétaire déloyale. En tout cas, la décision de la Chine d'abandonner l'arrimage du yuan au dollar, permettant ainsi aux billets de banque estampillés à la gloire de Mao de reprendre de la hauteur, plaît au marché. Les opérateurs étrangers y voient une bonne recette pour stimuler la demande intérieure. De leurs côté, les grandes multinationales des pays développés se voient déjà vendre leurs produits par milliards. La technique du panda a pris. D'apparence docile, le patibulaire mammifère n'hésite pas à se glisser dans la peau d'une bête féroce lorsqu'il s'agit de préserver les intérêts de son territoire. Tout comme la Chine, qui après avoir fait le dos rond, pourrait bien sortir ses griffes de prédateur. C'est aussi cela un yuan fort : l'opportunité d'étiqueter les entreprises occidentales sous la griffe « Made in China ».Mardi. Bonne piocheOn en pleurerait presque ! C'est vrai, c'est émouvant un Anglais, un Français et une Allemande qui sont d'accord sur quelque chose. Pourtant, au départ, c'était pas gagné. «Taxer les banques, mais vous êtes tombés sur la tête ! gloussait-on outre-Manche. Il n'y a que des frenchies pour imaginer une idée pareille.» À l'époque, notre président passait effectivement pour un illuminé. Un Raël de la finance. Sauf qu'une crise de la dette plus tard, les bons vieux plans d'austérité ont vite mis tout le monde d'équerre. Paniquée à l'idée que l'on puisse se pencher sur son abyssal déficit et sa sacro-sainte Livre, la Grande-Bretagne prend les devants avec un plan qu'on-aurait-pas-espéré-mieux ... et des objectifs de réduction de déficit aussi crédibles que ceux de la Grèce. C'est dire ! À la seule différence, c'est que les British, eux, peuvent encore piocher quelque part. Ce seront le derniers joyaux de la couronne : la City et leurs banques. «OK, mais allons-y mollo.» Le taux est fixé à 0,04 % puis 0,07 %, ce qui rapportera 3 milliards de livres ... Oui, c'est l'intention qui compte. David Cameron l'a bien compris et compte d'ailleurs voler la vedette à Sarko au G20 en arrivant à Toronto, tout drapé de sa taxe bancaire. Ils sont forts ces Angliches.Mercredi. Garden... partie« En France on a pas de plan, mais on a des idées ». Pour réduire les déficits, toujours pas de chiffres précis mais des initiatives ... Que l'on aurait dû prendre depuis bien longtemps, mais heureusement, la crise est passée par là. L'initiative du jour nous vient de l'Elysée et de son premier représentant : « J'ai décidé de dissoudre la Garden Party du 14 juillet ». Ah la dissolution ! c'est une tradition bien française. Chacun doit avoir la sienne ! Normalement cela passe par un sacrifice mais là, Nico est plutôt soulagé. Il n'aura pas à supporter un parterre de courtisans toujours plus nombreux. Bon, les agences de notation n'ont, certes, pas vraiment applaudi cette initiative ... qui fleurait bon, pourtant, un petit début d'austérité. La veille, c'est le président du Sénat, Gérard Larcher qui annonçait réduire de 52 millions d'euros le grand train de la Chambre Haute tandis que François Fillon mettait un peu de rigueur dans la retraite de ses ministres. Bonnes initiatives pour éviter une nouvelle prise de la Bastille alors que les Français vont devoir trimer jusqu'à 62 ans.Jeudi. Relent d'ouzo Le volcan grec ne s'éteint jamais. Ses éruptions sont violentes et imprévisibles. Son incessante activité laisse peu de répit aux opérateurs qui auraient pourtant volontiers vidé quelques caisses d'ouzo pour fêter l'arrivée de l'été. Ils pensaient le cas des finances publiques hellènes résolus. Tout comme celui de l'endettement des États de la zone euro, engagés dans une lutte sans merci contre les déficits. Mais les vieux démons du Péloponnèse ne sont jamais très loin. Il suffit d'une statistique sur l'emploi américain en demi-teinte, d'un propos de la Fed sur le possible risque de contamination de l'économie des États-Unis par la morosité du Vieux Continent, ou encore de la main tendue de quelques banques espagnoles et portugaises, en mal de fonds propres, pour raviver les craintes. De Paris à Francfort en passant par Madrid, les prises de bénéfices s'enchaînent à un rythme soutenu, entraînant dans leur course les indices. Les décrochages oscillent entre 1,5 à plus de 3,5%. Le tout dans le sillage d'un secteur financier en perdition et pesant de tout son poids sur la tendance. Il faut apprendre à vivre avec.Vendredi. G... rienÇa rique de s'amuser sec à Toronto ce week-end ! Au départ, on se faisait une joie de tancer la Chine et son yuan volontairement sous-évalué, pour concurrence déloyale. N'en déplaise à Barack, l'Empire du Milieu a (un peu trop vite d'ailleurs) éludé le problème. « Bon, quelqu'un a quelque chose à proposer au menu du G20 ? » s'agace un peu Obama devant des élèves hagards. Sarkozy, Merkel et Cameron montent au créneau avec leur projet de taxe bancaire, bien décidés à convaincre leurs camarades du G20 et notamment le président américain. Manque de pot, celui-ci vient de marquer une nouvelle victoire au Congrès (après la réforme de la santé) avec l'adoption, vendredi, d'une réforme financière "historique". Autant dire qu'avec ce que les Démocrates viennent de faire passer sur les banques, il n'y a plus de place pour une taxe à l'européenne. Déjà que cela devrait grever leur bénéfices, il ne s'agirait pas non plus de tuer la poule aux oeufs d'or ! Bref, rien de concret au menu de Toronto à la veille du week-end. Si ce n'est peut-être une remontée de bretelles servie par Obama aux européens, car leur plan d'austérité ne s'inscrit pas vraiment dans l'effort de relance ... C'est ça le charme du G20, on ne découvre le programme qu'une fois l'évènement passé.
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