Nouvelle crispation sur les prix du gaz en France

Le gouvernement a décidément du mal à se priver de l'instrument politique que consitue la fixation des prix du gaz. Auparavant, c'est Bercy qui était responsable de l'arbitrage final sur ce sujet. Mais, en début d'année, le mode de fixation des prix du gaz a été amendé. Désormais, GDF Suez propose chaque trimestre une formule qui reflète l'évolution de ses coûts d'approvisionnement. Formule que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) valide ou pas. Conséquence de cette nouvelle procédure : la Commission vient d'approuver une hausse moyenne de 4,7% applicable au premier juillet. Elle succède à celle de 9,7% passée au 1er avril. Bercy demande une pauseDans le contexte actuel d'une rigueur qui ne dit pas son nom, deux jours après l'annonce d'une forte progression des coupures de gaz liés aux impayés, ce nouveau coup de pouce a immédiatement déclenché une réaction de Bercy. Vendredi, Christine Lagarde s'est ainsi prononcée pour une « pause » dans les hausses de tarifs du gaz après celle-ci. Et elle a plaidé pour que la CRE réalise « un audit de cette formule », audit que celle-ci a déjà d'ailleurs amorcé. « D'ici là, je souhaite que les tarifs restent inchangés, c'est-à-dire que, jusqu'au 1er janvier, on fasse une pause complète dans l'examen de toute mesure supplémentaire tant que les résultats de l'audit ne sont pas fournis », a-t-elle ajouté.Des prix de marché très basCette nouvelle hausse est d'autant plus sensible politiquement que les prix du gaz sur les marchés au comptant sont actuellement particulièrement bas. Pour deux raisons : la crise a réduit la consommation: et la progression rapide de la production de gaz non conventionnels aux Etats-Unis a bouleversé le marché. D'où la faiblesse actuelle des prix du gaz sur les marchés spots et leur décorrélation de ceux du pétrole. Mais GDF-Suez fournit les ménages français via des contrats d'approvisionnement à long terme, garantissant une sécurité que ne permettent pas les marchés à court terme en Europe.Les grands fournisseurs négocient actuellement l'intégration d'éléments de prix spots auprès des grands producteurs, pour profiter de leur faible niveau. Mais les contrats long terme reflètent encore principalement les variations des prix du pétrole. Baisse de l'euroPour l'évolution au premier juillet, la formule utilisée par GDF-Suez intègre des hausses de l'ordre de 10% pour le fioul lourd, le fioul domestique et le Brent, résultant notamment de la baisse de l'euro face au dollar. Pour limiter la volatilité, ces hausses sont calculées sur une période de 6 mois. En l'occurrence de début décembre 2009 à fin mai 2010 pour le cas présent. Mais la CRE souligne que l'audit de la formule de calcul pourrait déboucher sur une indexation plus importante sur les prix de marchés, compte tenu des négociations en cours de GDF-Suez avec ses fournisseurs. Les alternatifs moins chersElle souligne aussi, au passage, que « le contexte de déconnexion entre prix de marché du gaz et prix des contrats long terme majoritairement indexés sur le pétrole (...) est propice au développement de la concurrence. A titre d'exemple, les prix proposés par les fournisseurs alternatifs pour un client résidentiel se chauffant au gaz sont jusqu'à 12% moins élevés que les tarifs réglementés. » Outre ce nouvel os poliltique, la faiblesse des prix spot du gaz, qui ne reflète que celle de la demande, ou la surabondance de l'offre, a fait une autre victime. EDF, qui devait donner le feu vert à son projet de terminal méthanier à Dunkerque, destiné à pallier partiellement la fermeture de la raffinerie de Total, a reporté sine die sa décision d'investissement. Faute, manifestement, d'avoir pu convaincre des partenaires de créer un terminal supplémentaire de regazéification dans un pays comptant déjà des surcapacités.
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