2011, l'année où... la rigueur budgétaire s'est imposée

Nicolas Sarkozy se serait bien passé d'un tel record de fin de quinquennat. L'habituel marathon budgétaire automnal s'est mué cette année en course de fond à nulle autre pareille. Avec l'accélération de la crise des dettes souveraines au coeur de l'été, le gouvernement aura passé son second semestre à courir après le respect de ses objectifs de réduction du déficit public, le maintien de son triple A et le rétablissement de la confiance sur les marchés. En cause : des prévisions de croissance trop optimistes et la volonté de ne pas trop froisser l'électorat de droite à la veille de la présidentielle de 2012 en reniant trop la politique fiscale engagée depuis 2007. Ce, alors même que depuis 2010, époque où le mot rigueur était encore tabou, le gouvernement a déjà largement écorné la loi Tepa (travail, emploi et pouvoir d'achat), pourtant sa réforme phare, en en supprimant progressivement ses grandes dispositions (crédit sur les intérêts d'emprunt, bouclier fiscal...).Le 24 août dernier, le Premier ministre est pourtant bien obligé de lâcher le mot en annonçant son premier plan de rigueur. Objectifs : économiser 12 milliards d'euros, dont 11 en 2012, et respecter sa fameuse « trajectoire intangible » et passer d'un déficit public de 7 % en 2010 à 3 % en 2013, l'équilibre étant visé en 2016. L'exercice est cependant ardu, car François Fillon doit se résoudre à revoir à la baisse les perspectives de croissance pour 2011 (de 2 % à 1,75 %) et 2012 (de 2,25 % à 1,75 %). Au programme : taxation sur les hauts revenus, alourdissement de la taxe sur les plus-values immobilières, taxe sur les boissons sucrées, sur les mutuelles, limitation des reports de déficits pour les entreprises, hausse de 12,3 à 13,5 % des taux de prélèvements sociaux sur les revenus du capital, suppression du bénéfice mondial consolidé. Ces mesures manquent souvent d'envergure. D'autant que certaines sont rapidement corrigées : on adoucit la taxe sur la plus-value immobilière et, après moult débats, on abandonne la hausse de la TVA sur les parcs à thème.Plan axé sur les dépenses Du coup, les marchés et les agences de notation ne s'en contentent guère. En novembre, il faut réviser encore les prévisions de croissance à la baisse (à 1 % en 2012) et annoncer un second plan de rigueur, présenté comme plus axé cette fois sur les dépenses. Il se traduit pourtant par une nouvelle hausse des prélèvements obligatoires (avec un taux record attendu à 44,8 % en 2012) : relèvement du taux réduit de TVA de 5,5 % à 7 % (hors produits de première nécessité, cantines scolaires et services aux personnes dépendantes), surtaxe sur les grandes entreprises, augmentation du prélèvement forfaitaire libératoire, gel du barème de l'impôt sur les revenus, recentrage du dispositif Madelin pour les jeunes entreprises innovantes et accélération de la réforme des retraites. À la clé, 7 milliards d'euros d'économies en 2011 et 11,6 milliards d'euros en 2013. 65 milliards « d'effort supplémentaires » sont visés en cumulé pour 2016, soit 113 milliards en prenant en compte le plan Fillon I. À chaque plan, le gouvernement a mis un point d'honneur à mettre en avant les efforts d'économies que s'impose l'État : 1,5 milliard en tout (plafonnement des taxes affectées aux opérateurs, économies de 200 millions demandées aux collectivités locales, création d'un jour de carence pour les fonctionnaires en cas d'arrêt de travail pour maladie). Pour l'instant, en vain. Paris se résout désormais à la perte de son triple A. En attendant une nouvelle année de ?rigueur en 2012. Clarisse Jay
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