Espionnage : l'ex-Régie espère des preuves suffisantes avant le 10 février

Par latribune.fr  |   |  434  mots
Dans l'affaire de l'espionnage industriel qui le secoue depuis six mois, Renault ne décolère pas. Excédé du scepticisme croissant des médias, Renault « espère que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) trouvera des éléments de preuves suffisantes » de la culpabilité des trois cadres incriminés « avant le 10 février » ! Histoire de profiter de cette journée très médiatique pour se défendre, voire contre-attaquer, même si l'entreprise ne peut communiquer officiellement sur l'enquête en cours.Furieuse des « fuites » de la DCRI jugées négatives pour son image, l'ex-Régie compte bien « profiter » à son tour des indiscrétions des services de contre-espionnage lorsque « seront dégagés les premiers éléments de preuve » en sa faveur. Même si « l'enquête prendra des mois ». Renault récrimine contre les informations distillées jusqu'à présent par la DCRI dans la presse par mesure de rétorsion, pour « n'avoir pas été appelée dès le début de l'affaire ». « Chaque fois qu'on reçoit une alerte interne, on ne va pas faire appel à la DCRI ! Nous avons d'abord lancé en août 2010 une enquête interne pour vérifier la véracité de ce qu'on nous dénonçait », explique-t-on officieusement chez Renault. « Fin décembre, nous avons estimé que nous avions assez d'éléments pour lancer une procédure disciplinaire contre trois cadres. Ceux-ci ont été convoqués le 3 janvier », poursuit le groupe, et licenciés pour « faute lourde ». « Nous nous sommes adressés au procureur de la République de Paris, spécialisé dans le grand banditisme et le terrorisme. Le dossier aurait pu être refusé. Mais il a été jugé suffisamment solide pour être accepté. » Le procureur a saisi la DCRI, qui doit « transformer les éléments d'information recueillis en éléments de preuve », souligne-t-on à Boulogne-Billancourt, siège du groupe. Le constructeur au losange ne doute pas de son bon droit dans l'affaire et de la « condamnation » finale des espions présumés.Renault a déposé, le 13 janvier, une plainte contre X « pour des faits constitutifs d'espionnage industriel, de corruption, d'abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée ». Les trois cadres soupçonnés d'avoir fourni des informations à l'étranger sur le programme clé de la voiture électrique, Mathieu Tennenbaum, Michel Balthazard et Bertrand Rochette, s'obstinent toutefois à nier et ont décidé de déposer plainte pour « dénonciation calomnieuse » ou « diffamation non publique ». La DCRI a perquisitionné ces derniers jours les locaux de Renault pour récupérer leurs ordinateurs. A.-G. V.