Nicolas Sarkozy le moraliste au forum de Davos

Un discours avant un concert du pianiste chinois Lang Lang... Nicolas Sarkozy poursuit ce mercredi son offensive hivernale de reconquête des Français en ouvrant les travaux du 40e Forum économique mondial de Davos par un plaidoyer qui s'annonce musclé sur les « dérives » du capitalisme. Le chef de l'État se prononcera fermement en faveur d'une nouvelle gouvernance de la finance mondiale, souligne-t-on à l'Élysée.« Si l'on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier demeure la priorité. Je n'hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d'abus, trop de scandales. Alors ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous réglerons le problème par la loi avant la fin de l'année », déclarait Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon, le 25 septembre 2008, au moment où la crise abordait les rivages du continent européen. Depuis, le discours n'a pas varié mais la traduction en actes a été plus lente que prévu.Convaincre les Français« Peut-être dira-t-il à Davos qu'il n'aime pas les riches ! » plaisantait la semaine dernière le socialiste François Hollande dans « La Tribune », se faisant l'écho de la défiance des Français à l'égard des mesures de régulation du secteur bancaire prises ou annoncées depuis un an et demi. Une défiance détaillée dans un sondage Ifop pour « Le Monde », dans lequel 83 % des Français disent certes approuver la taxe sur les bonus des salariés du secteur financier, avant de juger, à 72 %, que cette mesure ne sera « pas efficace ».Cette question d'une moralisation du système financier mondial, à l'agenda des pays du G20 depuis avril, est revenue spectaculairement sur le devant de la scène ces derniers jours avec l'annonce, par le président américain Barack Obama, de mesures visant à limiter la taille et les activités spéculatives des banques pour mettre fin aux excès ayant mené à la crise.La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, qui accompagne Nicolas Sarkozy à Davos, avec le ministre du Budget Éric Woerth, a indiqué que les décisions de la Maison-Blanche correspondaient « tout à fait aux mesures que la France a soutenues ». à Davos, Nicolas Sarkozy et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva devraient réitérer ce soutien à Barack Obama.Mais, en France, le discours moralisateur de Nicolas Sarkozy reste sérieusement brouillé par les polémiques à répétition sur les rémunérations patronales. Lundi soir, sur TF1, le chef de l'État a défendu Henri Proglio, le nouveau PDG d'EDF, qui entend conserver « quelques mois » la présidence non-exécutive de Veolia, entreprise dans laquelle il a passé trente-sept ans. La semaine dernière, sous la pression de la gauche mais aussi de quelques responsables de la majorité, Henri Proglio avait dû renoncer à sa rémunération chez Veolia.Plus généralement, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il préférait « un bon patron bien payé à un mauvais bien pay頻. Mais il a renouvelé son attachement au partage des profits dans les entreprises, se disant là aussi prêt à passer par la loi si les négociations patronat-syndicats n'avançaient pas.Ce passage par Davos est une première pour un chef d'État français. Le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, avait participé à une vidéoconférence en 2005, son hélicoptère n'ayant pas pu se poser en Suisse à cause du mauvais temps.
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