L'éditorial de Sophie Gherardi : Obama mérite enfin son prix Nobel

Ah, la belle fin de semaine ! C'est ce qu'a pu à bon droit se dire Barack Obama. Jeudi après-midi, le Sénat a voté les derniers détails de sa réforme de la santé et le soir même, la Chambre l'a revotée, définitivement cette fois, pour corriger un vice de forme mineur. Vendredi matin, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Dmitri Medvedev, un nouvel accord de désarmement stratégique a été conclu. Les États-Unis et la Russie ramèneront le nombre de leurs ogives nucléaires de 2.200 à 1.550 chacun. Le nouveau traité sera signé solennellement le 8 avril à Prague. C'est dans la capitale tchèque qu'Obama avait prononcé l'an dernier un discours sur la non-prolifération nucléaire. « Nous avons transformé les mots en actes », s'est félicité Barack Obama, lors d'une intervention à la Maison-Blanche. L'expression n'a rien de fortuit. Les opposants au président américain et bon nombre de ses amis s'étaient mis depuis quelque temps à le dépeindre en velléitaire, en orateur doué mais incapable de traduire ses idées en actions. La déception n'est plus de mise aujourd'hui. Coup sur coup, Obama remporte une victoire historique sur le front intérieur en réformant l'assurance-maladie, tâche donnée il y a peu pour impossible, et un beau succès en politique étrangère, le premier de sa présidence. En donnant un successeur au traité de désarmement « Start-1 », qui expirait en décembre 2009, Barack Obama justifie aussi son prix Nobel de la paix qu'il avait reçu avec un certain embarras à l'automne. La distinction était prématurée, et il l'avait reconnu lui-même, ce qui ne l'avait pas mis à l'abri des critiques.Le mandat Obama est relancé. Pourtant, la haine a été portée à l'incandescence dans une partie de l'opinion conservatrice durant la longue bataille sur la santé. Les menaces se sont multipliées non seulement envers le président, mais envers les parlementaires qui ont voté la réforme. Les républicains du Sénat peuvent à nouveau faire de l'obstruction sur la ratification du nouveau traité de désarmement stratégique, qui requiert une majorité de 60/40. La secrétaire d'État Hillary Clinton s'est refusée à l'envisager : « Les questions de sécurité nationale ont toujours produit d'importantes majorités bipartisanes », a-t-elle déclaré. Pas question de gâcher l'euphorie de cette fin de semaine à la Maison-Blanche.
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