L'OFCE propose une alternative à la politique de rigueur

Par latribune.fr  |   |  891  mots
La France va-t-elle mourir guérie ? Avec les politiques de rigueur menées tant dans l\'Hexagone que dans le reste de l\'Europe, c\'est en substance ce que pense les économistes de l\'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Ils  estiment ,dans une note intitulée \"Evaluation du projet économique du quinquennat 2012-2017\"  que la rigueur budgétaire - avec pour objectif un retour au déficit nul en 2017 - va peser sur l\'emploi et la croissance. Pour les auteurs de la note, un scénario dans lequel les pays de la zone euro mettent en place des politiques d\'austérité leur permettant d\'atteindre l\'équilibre de leurs finances publiques en 2017 - soit exactement ce qui est en train de se réaliser - conduirait à un supplément de rigueur qui s\'élèverait à plus de 1 point de PIB sur l\'ensemble de la période 2013-2017. Pour l\'économie française, ce supplément de rigueur induirait une moindre croissance. Ainsi, à l\'horizon 2017, cette stratégie amputerait l\'activité économique dans l\'Hexagone de 1% et conduirait à la destruction de 165.000 emplois en 5 ans pour un gain de 1,5 point de PIB de dette publique.L\'OFCE propose un nouvel objetcif: arrêter l\'austérité quand le déficit structurel se maintient en dessous de 0,5 point de PIBLes économistes de l\'OFCE proposent alors une solution alternative car \" en sous-estimant la difficulté à atteindre des cibles inaccessibles, les pays de la zone euro se sont enfermés dans une spirale où la nervosité des marchés financiers est le moteur d\'une austérité toujours plus grande\". L\'Observatoire émet alors l\'idée que le nouvel objectif à l\'horizon 2017 ne soit plus le \"zéro déficit\" mais de contenir le déficit structurel en dessous de 0,5 point de PIB: \" La nouvelle stratégie européenne conduirait ainsi à l\'arrêt de la politique d\'austérité à partir du moment où le déficit structurel tombe en dessous de 0,5 point de PIB, conformément à la règle d\'or. Dans ce scénario, l\'Allemagne, l\'Italie et la Finlande arrêtent leur politique d\'austérité dès 2013. La France et le Portugal doivent la poursuivre jusqu\'en 2014. La Grèce doit la maintenir jusqu\'en 2015. Les autres doivent la poursuivre jusqu\'en 2017.\"  Selon l\'OFCE, cette nouvelle stratégie, engendrerait un supplément d\'activité pour l\'économie française qui s\'élèverait à 1,4% en 2017. Et cela permettrait de faire baisser le chômage (à partir de 2015) dont le taux reviendrait à 9% en 2017 (contre 10% actuellement). En cinq ans, 230.000 emplois seraient sauvegardés ou créés. Selon Philippe Weil, professeur d\'économies à Sciences Po et président de l\'OFCE, des voix commencent à s\'élever ici et là en Europe pour aller dans ce sens.L\'OFCE ne croit pas à un déficit ramené à 3% du PIB avant 2014En attendant cet éventuel changement de scénario, qui n\'est pour l\'instant pas à l\'ordre du jour, l\'OFCE s\'est penché sur la politique budgétaire menée en France. L\'objectif de retour vers l\'équilibre des finances publiques conduit à une réduction majeur du déficit public structurel. \" Sur l\'ensemble du mandat, les économies attendues, selon le programme pluriannuel issu du débat d\'orienation budgétaire 2012, devraient représenter 5,2 point de PIB (soit 105 milliards d\'euros)\"... . Même avec un tel effort, pourtant fortement concentré sur la période 2012-2013, l\'OFCE ne croit pas à un retour à un déficit limité à 3% du PIB à la fin 2013 (il atteindrait 3,5%) et encore moins a un retour à l\'équilibre en 2017 : \"Dans notre cadrage budgétaire, le solde public ne repasse sous la barre des 3% du PIB qu\'en 2014 et celui-ci reste encore déficitaire en 2017 (- 0,9% du PIB).Une réduction historique du déficit structurelCependant, l\'OFCE souligne que l\'amélioration attendue du solde public structurel est \" historique\". \"Après s\'être redressé de 1,7 point de PIB en 2011, celui-ci devrait donc s\'accroître de 5,2 points de PIB de 2012 à 2017, soit une amélioration de près de 7 point de PIB en sept ans. A titre de comparaison, les politiques d\'austérité de 1995 à 1997 avaient permis de réduire le déficit structurel de 2,3 points de PIB ... Enfin, l\'Observatoire note que l\'effort budgétaire sur cinq ans serait réparti de façon équilibré entre hausse des prélèvements obligatoires (2,6 points de PIB, soit 52 milliards d\'euros) et réduction structurelle du poids des dépenses publiques (2,6 points de PIB également, soit 53 milliards d\'euros). Certes, mais sur le second chapitre, le gouvernement reste encore assez discret. Pour parvenir a son objectif de limiter à 0,7% la croissance moyenne par an en volume de la dépense publique, on attend ses décisions sur les effectifs de l\'Etat hors ministères prioritaires, les dépenses de santé et les dépenses de fonctionnement... Enfin, l\'OFCE a également évalué les conséquences de onze mesures du projet Hollande (contrat de génération, hausse du Smic, encadrement des loyers, etc. L\'Observatoire estime, notamment, que l\'effet positif sur l\'emploi du contrat de génération sera limité en raison d\'un fort effet d\'aubaine. A consulter sur www.ofce.sciences-po.fr