Une succession très peu préparée

À la CFDT, Laurent Berger prendra vraisemblablement la suite de François Chérèque lorsque celui-ci décidera de tirer sa révérence. À la CFTC, Jean-Louis Deroussen devrait être, en novembre prochain, le successeur de Jacques Voisin. À la CGT, rien de tel. Le plus grand mystère plane autour du nom du futur secrétaire général de la centrale de Montreuil. Certes, il n'y a pas nécessairement urgence. S'il le mène à son terme, le quatrième mandat de Bernard Thibault court jusqu'en décembre 2012. Mais alors que le conflit de 1995 contre le plan Juppé avait fait de Bernard Thibault, alors patron des cheminots CGT, le successeur naturel de Louis Viannet, aucun nom ne s'impose aujourd'hui. Certes, Nadine Prigent, issue de la fédération de la santé, a été récemment mise en avant en tant que représentante de la CGT à l'intersyndicale contre la réforme des retraites. Mais en interne, certains lui reprochent d'incarner la ligne « traditionnelle » de la CGT et de manquer de l'expérience nécessaire pour diriger la centrale. Un flou entretenuÀ l'opposé du spectre, Frédéric Imbrecht a montré, en tant que patron de la fédération de l'énergie, qu'il avait le savoir-faire. Mais son action d'alors, notamment autour du changement de statut d'EDF négociée avec Nicolas Sarkozy, n'a pas toujours été bien perçue par les militants. Et s'il est désormais membre de la direction confédérale, il est en charge de l'Europe et n'apparaît donc pas en pointe sur les dossiers nationaux. Éric Aubin, patron de la fédération du bâtiment, a lui porté la position CGT sur les retraites, puis sur la pénibilité. Il y a gagné en visibilité, mais nul ne peut dire s'il est capable de rassembler la CGT autour de son nom. Bernard Thibault n'est pas étranger à ce flou entretenu autour de sa succession. « Il y a quelques années, il y avait une sorte de parcours initiatique. Et on savait que celui qui s'occupait de la politique revendicative ou de la presse avait de fortes chances de devenir secrétaire général. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins écrit...», pointe un bon connaisseur de la CGT. A. L.
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