Le yen passe momentanément sous les fourches caudines de Standard and Poor's

À quelque chose malheur est bon. La dégradation de la note souveraine du Japon par Standard and Poor's, même si elle est calamiteuse pour l'image de marque du pays, a affaibli le yen, dont la vigueur persistante irritait au plus haut point les autorités monétaires de Tokyo. Quatre mois après leur intervention de change unilatérale manquée, en dépit de l'ampleur des sommes mises en jeu, de plus de 25 milliards de dollars en une seule journée le 15 septembre dernier, le yen avait poursuivi son raffermissement. Depuis la fin de l'été, il a pulvérisé une série inédite de points hauts de quinze ans face au dollar, jusqu'à atteindre 80,20 fin octobre 2010, à quelques fractions du record historique de 79,75 battu en avril 1995.Au plus bas dans les transactions de jeudi, après le coup de semonce de S&P, la monnaie de l'archipel a dérivé jusqu'à 83,20 pour un dollar. Néanmoins, les responsables monétaires nippons auraient tort de crier victoire. Dès l'annonce de la reconduction par l'agence concurrente Moody's de la note souveraine du Japon à AA2, assortie d'une perspective stable, le yen a repris du poil de la bête. Les données économiques fondamentales, à commencer par les exceptionnelles performances du commerce extérieur japonais, ont repris leurs droits. Ce même jeudi, on a en effet appris que les exportations nipponnes avaient fait un bond de 7,2 % en décembre, après quatre mois de contraction.Élan de l'euroIl n'y a guère que vis-à-vis de l'euro que le yen semble devoir durablement s'affaiblir. Lequel euro est monté jeudi à son meilleur cours depuis deux mois, refranchissant le cap de 114 yens, tout comme il s'est hissé à un nouveau point haut depuis fin novembre face au dollar, à 1,3755. Mais il s'agit plus d'un phénomène euro que d'un avatar yen. Le retour d'une dose de confiance dans l'évolution de la crise de la dette souveraine du Vieux Continent jointe à une nouvelle avalanche de mises en garde de la BCE, venues de Davos, sur les risques inflationnistes que la banque centrale de Francfort se dit prête à combattre, ont redonné un élan autonome à la monnaie unique des Dix-Sept.Face au dollar, on voit mal ce qui pourrait durablement peser sur la tenue du yen. Fort de ses excédents, le Japon reste un des plus importants pourvoyeurs de capitaux de la planète et le deuxième détenteur de dette des États-Unis, place qu'il partage en alternance avec la Chine. N'a-t-il pas en outre participé pour un cinquième à la première émission obligataire du Fonds européen de soutien financier ?
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