Les sociétés de gestion vont recourir davantage à l'externalisation

Après avoir connu des taux de croissance à deux chiffres, la crise est venue rappeler que l'industrie de la gestion d'actifs n'était pas une activité sans risque, qu'elle pouvait consommer des fonds propres et voir son « return on equity » (ROE, rendement des capitaux propres) diminuer du fait de la baisse des actifs sous gestion, de la vente de produits à forte marge, des commissions. Une enquête réalisée par Accenture et RBC Dexia auprès de plus de 80 gestionnaires de fonds dans le monde et intitulée « Externalisation : opportunités et stratégies », indique que 59 % des répondants tablent désormais sur un ROE inférieur ou égal à 15 %, contre 20 % précédemment. « Les coûts fixes sont difficiles à comprimer d'où cette pression à la baisse du ROE, dans un contexte de contraction des revenus, explique Pascal Denis, directeur général d'Accenture Luxembourg. Les sociétés de gestion cherchent donc des solutions plus structurelles pour améliorer durablement leur rentabilité. » Et la sous-traitance de services, au premier rang desquels se trouvent le back-office (comptabilité et administration des fonds...) et le middle-office (validation des opérations, contrôle des positions présentes en portefeuille et chez le dépositaire...). « Notre enquête montre que l'outsourcing réduit les coûts de 20 % en moyenne à court terme », note Jean-Christophe De Coninck, directeur général délégué de RBC Dexia France. Et de préciser que « c'est important, mais reste inférieur aux attentes ».Back-office en IndeLa principale raison motivant les sociétés de gestion à externaliser certaines activités est la réalisation d'économies pour 95 % des sondés. Cela revient à supprimer des charges salariales d'autant que les prestataires implantent souvent certaines activités, notamment de back-office, dans des pays à bas coûts comme l'Inde, leader incontesté en matière de services d'externalisation. Cela permet aussi d'optimiser les fuseaux horaires. Proposer des tarifs compétitifs est donc nécessaire. Mais pas suffisant. « Le choix d'un prestataire porte également sur son expérience, sa capacité à supporter de nouveaux produits et à adapter ses ressources en fonction du volume d'encours à traiter, estime Pascal Denis. Ce qui revient à considérer l'externalisaton comme un coût variable. » Enfin, la complexité de l'industrie financière ces dernières années nécessite d'importants investissements, notamment technologiques, lourds à supporter. Dans ce cas, il est parfois préférable de confier certaines activités à un prestataire de services qui peut mutualiser ses systèmes informatiques auprès de plusieurs gérants.À l'arrivée, l'externalisation doit bénéficier à l'investisseur puisqu'elle décharge la société de gestion de certaines activités. Les gérants pourront davantage se concentrer sur leur métier à savoir la distribution et la gestion financière, ce pourquoi ils sont rémunérés. D'ailleurs, ce sont des activités sur lesquelles ils ne veulent pas perdre la main. Selon l'enquête, ils sont 77 % à penser que c'est une tendance de fonds. « L'internalisation des métiers de back-office et de middle-office n'est plus essentielle pour le bon fonctionnement d'une société de gestion, déclare Jean-Christophe De Coninck. Cela fait longtemps que les activités de back-office sont sous-traitées. » L'outsourcing a donc de beaux jours devant lui.Mais cela ne présente pas que des avantages. Externaliser implique une certaine perte de contrôle. Si le prestataire n'est pas performant, ne répond pas aux attentes du gérant, ce dernier court un risque de réputation (89 % des répondants) qui peut se répercuter sur le client final. Pour le réduire, les leaders de ce marché, à savoir State Street, BNY Mellon, sont souvent privilégiés. Par ailleurs, en fonction de la société de gestion, un projet d'externalisation peut être plus ou moins complexe, prendre plus ou moins de temps à mettre en place et donc à être efficace. Pour Pascal Denis, « le succès de l'externalisation repose sur une bonne compréhension des enjeux soulevés par la revue du modèle opérationnel de la société de gestion, et qui seront différents en fonction de sa taille. Il se mesure sur le long terme ».
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