L'alliance Orange-Canal Plus suscite des inquiétudes

Le mariage des chaînes cinéma d'Orange avec Canal Plus n'est même pas encore annoncé : il devrait être abordé mercredi lors du conseil d'administration de France Télécome;lécom (« La Tribune » du 26 juillet). Mais, d'ores et déjà, il suscite des inquiétudes, et jusqu'à l'Élysée selon certaines sources. Car un tel projet permettra à Canal Plus de retrouver durablement son monopole sur la télévision payante. On voit mal qui osera à l'avenir s'aventurer sur ce terrain, après que TPS (TF1 et M6) puis Orange aient jeté l'éponge. Cette perspective inquiète notamment les professionnels du cinéma, qui vont se retrouver avec un unique acheteur pour leurs films, et voir disparaître l'argent qu'avait apporté Orange (80 millions d'euros sur 3 ans). Dès lundi, l'Association des producteurs de cinéma a écrit à l'opérateur téléphonique pour exprimer son inquiétude. Actionnaire dormantCe projet doit aussi inquiéter l'Autorité de la concurrence, qui critique depuis des années le manque de concurrence dans la TV payante, et avait vu d'un bon oeil l'arrivée d'Orange. D'autant qu'il est fort possible que ce mariage ne soit pas examiné par le gendarme de la concurrence, grâce à une astuce juridique. En effet, un rachat n'a pas à être soumis à l'autorité si le chiffre d'affaires de la société rachetée est inférieur à 50 millions d'euros, lors de l'exercice précédent l'opération. Or le chiffre d'affaires d'Orange Cinéma Séries était en 2009 nettement inférieur à ce plancher. Mais en 2010, il dépassera légèrement les 50 millions, et dès lors il tombera dans le champ du contrôle de l'autorité. Conclusion : pour se passer du feu vert de l'autorité, l'accord des deux groupes doit être bouclé avant fin 2010, afin que le chiffre d'affaires pris en compte soit celui de 2009. En outre, il est prévu que Canal et Orange détiennent chacun 50 % du nouvel ensemble réunissant TPS Star et les chaînes cinéma d'Orange. Pour échapper à tout examen, il faut donc remplir une autre condition : Orange doit être un actionnaire dormant, n'ayant son mot à dire que sur les évolutions du capital. En revanche, si Orange participe à la gestion de cette filiale commune, alors l'opération crée une alliance entre les deux groupes, qui doit être notifiée aux autorités de la concurrence - à Bruxelles en l'espèce. « Canal aura la gestion opérationnelle, mais Orange aura le cocontrôle sur les programmes », indique un négociateur, qui assure ne pas chercher à contourner l'Autorité de la concurrence. Toutefois, vouloir échapper à l'Autorité de la concurrence paraîtrait logique. Car celle-ci tente - en vain - d'imposer depuis des années des obligations à Canal. Et si elle devait examiner cette opération, elle en profiterait à coup sûr pour serrer la vis à la chaîne cryptée.
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