La bataille des smartphones ne fait que commencer

Par latribune.fr  |   |  581  mots
Une baisse du résultat ? Il y a encore peu de temps, l'idée était inimaginable chez Research in Motion (RIM). Et pourtant, la mésaventure est arrivée au fabricant du BlackBerry. Pour le trimestre allant de juin à fin août, le deuxième de son exercice, le bénéfice net du groupe canadien a baissé de 4 % à 475 millions de dollars (351 millions d'euros).Minime, ce premier dérapage a néanmoins provoqué un violent décrochage de l'action vendredi sur le Nasdaq de 17,04 % à 68,91 dollars. Car pour les analystes, le repli du bénéfice et les perspectives peu encourageantes pour le trimestre en cours démontrent les premiers effets négatifs de la mutation du marché des smartphones, les téléphones mobiles « intelligents » qui font de la voix un accessoire par rapport aux autres fonctions : e-mails, Internet, jeux, applications bureautiques?Jusque-là destinés à une clientèle dite « haut de gamme », prête à payer l'appareil plusieurs centaines d'euros, ces téléphones deviennent de plus en plus « grand public ». Une obligation pour les fabricants. La semaine dernière, lors de l'annonce des résultats trimestriels, Jim Balsillie, le PDG de RIM a expliqué que compte tenu de la « maturit頻 du marché traditionnel du BlackBerry, une plus grande partie des efforts sera dirigée vers la grande consommation. Avec comme conséquence une nouvelle baisse du prix moyen de vente des téléphones. Au deuxième trimestre, il était de 345 dollars. Il sera proche de 320 dollars au trimestre suivant, soit près de 40 dollars de moins qu'en début d'année.un marché de volumeÉgalement poussé par les opérateurs en télécoms, qui voient dans ces appareils sophistiqués un bon moyen d'augmenter leur revenu par abonné, ce marché de valeur, assurant de fortes marges, est en passe de devenir un marché de volume, à la rentabilité moins ronflante. Il y a deux ans, RIM affichait une marge brute de près de 55 %. Elle est aujourd'hui tombée à 44 %. Les analystes craignent qu'elle n'aille encore plus bas si l'inventeur du BlackBerry souhaite correctement prendre le virage du grand public et accentue ses efforts commerciaux.Car en face, attirée par le potentiel de croissance du marché (+ 25 % attendus cette année par le cabinet Gartner alors que les ventes globales de téléphones mobiles pourraient baisser de 10 %), la concurrence poursuit les mêmes ambitions que RIM. Apple, avec son iPhone, continue de gagner des parts de marché. Palm, porté par son Pre, commence à bousculer les chiffres. Vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires aux États-Unis en quelques mois, le téléphone de Palm débarque en Europe, par la Grande-Bretagne, début octobre. Surtout, les prochains trimestres devraient voir l'émergence de fabricants asiatiques jusque-là relativement discrets, mis à part le taiwanais HTC, mais qui excellent dans les marchés de volume.Reste une inconnue : Nokia. Pour l'instant, le géant finlandais, numéro un mondial des téléphones mobiles, laisse glisser ses parts de marché. Censé combattre l'iPhone, le N97 s'est vendu deux fois moins bien que le téléphone d'Apple à sa sortie, indiquait en août les analystes de Gartner. Mais selon le dirigeant d'un constructeur chinois, le savoir-faire industriel et marketing ainsi que le réseau de distribution doivent permettre Nokia de mieux se comporter dans un marché de volumes. Malgré une concurrence extrême sur les téléphones d'entrée de gamme, sa spécialité, le finlandais parvient à afficher une marge brute de 34 %.