L'Europe veut mieux protéger les données privées

La future commissaire européenne aux Libertés publiques, Viviane Reding, a endossé son habit de gendarme jeudi face à l'industrie de l'Internet. S'exprimant à l'occasion de la quatrième Journée de la protection des données à Bruxelles, elle a confirmé son intention de toiletter et de renforcer la législation européenne sur l'utilisation et la commercialisation des informations personnelles. La directive de 1995 avait ancré dans la pratique le principe de l'« opt-in », qui oblige les sites commerciaux à demander aux internautes de manifester explicitement leur souhait de recevoir des informations ou publicités automatiquement par Internet ou d'autoriser le transfert de leurs données à d'autres sites. Elle assure encore aujourd'hui aux Européens des droits relativement étendus par rapport, notamment aux Américains, qui ne disposent toujours pas de législation fédérale sur ce sujet.Ce texte, conçu à une époque où l'Internet en était à ses prémices, les réseaux sociaux comme Facebook relevaient de la science-fiction et le principal problème était le stockage de données commerciales sur des gros systèmes, a vieilli. « Nous avons un solide socle de principes dans la directive. Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Le monde a chang頻, a déclaré, jeudi, Viviane Reding.loi inadaptée au « profiling »La législation est en particulier inadaptée aux défis du « profiling ». Cette technique de pistage de la circulation sur Internet permet, en fonction des préférences personnelles d'un internaute, d'individualiser les annonceurs auxquels il sera exposé. La durée et les conditions de stockage des données utilisées pour ce profiling ne sont actuellement pas réglementées. La Commission avait ouvert l'an dernier une consultation à ce sujet. « Toutes les réponses appellent une protection plus forte et plus cohérente », a affirmé Viviane Reding. La redéfinition des notions de « consentement » ou de « transparence », le traitement des données éloignées ? de plus en plus fréquente avec le développement de l'informatique dans les nuages ? sont quelques-unes des pistes envisagées.L'industrie se prépare à une longue bataille législative. Présent à Bruxelles, Brad Smith, le vice-président de Microsoft en charge des affaires juridiques, a cherché à positionner son groupe à l'avant-garde du débat en se livrant à un plaidoyer inattendu en faveur d'un cadre européen plus harmonisé et plus ambitieux. « Certains, sur la côte ouest des États-Unis pensent que nous sommes entrés dans un nouvel univers social et que la protection des données n'est plus d'actualité. Je ne suis pas de cet avis. Le droit fondamental à la protection des informations privées n'est pas moins important aujourd'hui qu'il y a quinze ans », a déclaré le dirigeant de Microsoft, qui sponsorisait l'événement. La commission publiera une synthèse de sa consultation dans les prochaines semaines, avant de faire connaître ses projets.Florence Autret, à Bruxelles
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