Mode

Né Juan Carlo Antonio Galliano, le 28 janvier 1960, d'un père britannique d'origine italienne (plombier de son métier) et d'une Espagnole qui aimait les vêtements et le flamenco, John Galliano a grandi jusqu'à l'âge de 6 ans sous le soleil de plomb de Gibraltar, balayé par les vents, entre Atlantique et Méditerranée, Europe et Maroc. Est-ce avec ses deux soeurs, Rosaria et Immaculata que ce baby-boomer a développé la passion de se costumer ? Toujours est-il que dés 1983, pour son défilé de fin d'études à la Central Saint Martin's College of Arts and Design, alors même qu'il travaille déjà comme habilleur au National Theatre de Londres, il donne le ton de son style à venir. Devant une collection toute en organdi et volants, inspirée des Incroyables et des Merveilleuses ? ces élégantes de la France du Directoire, bien décidées à oublier au plus vite la Terreur ?, le monde de la mode est bluffé par l'ingéniosité, l'audace et l'extravagance du styliste. Il obtient la mention très bien ; le prestigieux magasin londonien Browns expose immédiatement huit de ses créations et Diana Ross est sa première cliente. John Galliano crée sa marque dans la foulée. Le phénomène est lancé. Dés 1987, ses pairs lui attribuent le titre de designer britannique de l'année. Quand en 1990, il présente sa première collection à Paris, les stars du show-biz (Madonna en tête) se précipitent dans son studio pour s'offrir quelques pièces chères au maître. Un vrai showmanAprès une année chez Givenchy, Bernard Arnault lui confie la direction de la création de la mode femme de Dior en 1996 (puis de la totalité des lignes, y compris les parfums entre 1999 et 2001). Tout sépare a priori le géant du luxe et le créateur : c'est la glace et le feu. Pourtant, depuis quatorze ans, l'admiration que porte le tycoon du luxe à John Galliano n'est pas feinte. L'un a l'excentricité que l'autre n'a pas. Le génie créatif époustoufle. Le sens du spectacle aussi. Avec John Galliano, la mode prend une dimension de spectacle internationale inégalée. En 2000, sa collection « Clochards » fait scandale. En 2006, faisant porter ses pièces par des nains et des vieux, il dépose un message ironique sur la chaise de chaque rédactrice médusée : « Tout le monde est beau ». Showman à lui tout seul, il aime se déguiser et se présenter à chaque final en vedette star. La presse du monde entier en fait des pages ; autant de publicité gratuite qui profite à l'essor de Dior dans le monde.Son style ? Il n'a pas bougé d'un iota depuis son défilé de fin d'études. Six fois par an, il revisite les costumes du passé, retravaille le tailleur Bar cher à la maison du 30, avenue Montaigne, parfait son art du biais (une passion qu'il a cultivée en admirant les robes de Madeleine Vionnet). À tous ses shows, les fashionistas applaudissent. Pour son défilé homme, il a mis le feu (littéralement) à la salle, avant de faire tomber la pluie sur ses mannequins tantôt habillés en Sherlock Holmes, tantôt vêtus à la mode asiatique. Chez Dior, cette semaine, pour célébrer avec la haute couture le retour des valeurs sûres, il a réinterprété les robes de bal du créateur anglo-américain Charles James, que le photographe Cecil Beaton avait immortalisé dans les années 40-50. Pas très XXIe siècle, diront les esprits chagrins ? Mais, est-ce ce qu'on attend de lui ? Commandeur de l'Empire britannique, il a été promu chevalier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2009, pour services rendus à la mode. Happy birthday, monsieur Galliano. Isabelle Lefort
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.