Les ménages français et allemands se sentent plus vulnérables financièrement

Tous les deux ans, l\'assureur américain Genworth dresse un tableau de la vulnérabilité financière des ménages dans le monde. Réalisée dans 20 pays auprès de 13.000 personnes, cette enquête permet d\'établir un « indice de vulnérabilité » allant de 0 pour les pays où les ménages se sentent les plus vulnérables à 100 pour les plus en sécurité. La vulnérabilité est calculée en fonction du passé et des perspectives : elle concerne les ménages ayant déjà connu des difficultés financières et craignant d\'en connaître à nouveau. Cette notion est intéressante, car elle souligne le sentiment de fragilité des ménages et elle permet d\'anticiper leur propension future à consommer et à épargner.La Chine et les nordiques en têteLe classement 2013 permet de constater l\'optimisme des pays émergents. La Chine est ainsi en tête du classement avec un indice de 78. Mais l\'enquête porte principalement sur l\'Europe : 14 des 20 pays du classement y sont localisés. Et là encore, la fracture nord-sud est frappante. Les pays nordiques figurent largement en tête du classement européen : la Norvège affiche un indice de 75, la Suède de 67, le Danemark de 52 et la Finlande de 47. A l\'autre bout du classement, on trouve les pays emportés dans le tourbillon de la crise de la dette : Espagne (17), Italie (11), Portugal (6) et enfin Grèce qui avec un indice de 1 frôle le niveau le plus bas. L\'écart est également considérable entre les pays membres de la zone euro et les autres. Les ménages utilisant l\'euro étant notablement plus vulnérables que les autres. On voit ainsi au sein des pays nordiques que les Finlandais, membres de la zone euro, sont moins sûrs de leur situation financière que les Norvégiens et les Suédois. 3 % des ménages norvégiens, 5 % des Suédois se disent « financièrement vulnérables », ils sont 13 % en Finlande.La Grèce et le Portugal, lanternes rougesL\'impact de la crise de la dette européenne n\'est donc pas mince sur le sentiment de sécurité financière des ménages. Les cas portugais ou grecs sont évidemment extrêmes de ce point de vue. Dans ces deux pays, ainsi qu\'en Italie, seulement 1 % des ménages se disent « sûrs » sur le plan financier. En Grèce, seuls 6 des 688 ménages interrogés se classent dans cette catégorie. La part des ménages vulnérables atteint 69 % au Portugal et 80 % en Grèce. La situation s\'est dégradée à grande vitesse pour ces deux pays. En 2009, seuls 32 % des ménages portugais et 45 % des ménages grecs se sentaient vulnérables.Quelles sont les raisons de cette insécurité ? En Grèce, ce sont principalement le coût de la vie (à 72 %) et le niveau de revenu du travail (à 56 %) qui déterminent le degré d\'inquiétude des ménages. Paradoxalement, dans un pays où le chômage atteint un taux de 27%, la sécurité de l\'emploi n\'est citée que par 16 % des ménages. Au Portugal, c\'est le coût de la vie (à 72 %) qui domine également, suivi par toute une série d\'inquiétudes à quasi-égalité : le coût de la santé, la sécurité de l\'emploi, le niveau de l\'épargne, la situation économique et les revenus du travail sont cités dans une proportion allant de 29 % à 39 % des ménages.Avec de tels niveaux d\'angoisse, il y a fort à parier que la consommation demeure très faible en Grèce et au Portugal dans les années à venir. La situation est si difficile que les Grecs sont les seuls à citer les allocations sociales comme une source de revenus déterminante pour la situation financière du ménage. Au Portugal, seuls 7 % des ménages se disent optimistes pour l\'avenir.L\'Allemagne pessimisteAu milieu du classement européen, on trouve la France et l\'Allemagne. Bizarrement, malgré la solide performance de leur économie, les ménages allemands se sentent plus vulnérables financièrement que les Français. L\'indice allemand est de 29, le français de 36. Peu de ménages allemands se sentent « sûrs » (3 %) et ceux qui se sentent « vulnérables » sont moins nombreux que voici deux ans (22 % contre 25 %). Mais le nombre de « circonspects » n\'ont pas ou peu connu de difficultés, mais s\'attendent à voir leur situation se dégrader, est très important et progresse ( 69 % contre 66 % en 2010). 26 % des Allemands s\'attendent à voir leur situation se dégrader. Curieusement, dans un pays où le marché du travail se porte bien, la sécurité de l\'emploi est la troisième préoccupation des Allemands (citée par 30 % des ménages), derrière le niveau des revenus issus du travail (31 %) et la première préoccupation : le coût de la vie (65 %). On remarque donc que l\'insécurité ressentie des Allemands s\'explique, malgré les succès économiques de leur pays, par la précarisation croissante des emplois, malgré le faible taux de chômage, les faibles revenus issus du travail dans un pays où il n\'existe pas de salaire minimum universel et, enfin, par la traditionnelle crainte de l\'inflation relancée par la crise de la dette. Rien d\'étonnant donc à ce que depuis 2009, le score de l\'Allemagne recule.La France inquièteIl recule cependant moins que celui de son voisin français. Les ménages hexagonaux se sentent de plus en plus fragilisés. 12e sur 20, la France est désormais dépassée par la Turquie, le Mexique ou le Pérou dans ce classement. Avec un indice de 36, elle confirme un recul qui est permanent depuis 2007. La raison en est l\'augmentation considérable de la proportion de ménages financièrement vulnérables qui atteint le record de 26 % contre 16 % en 2007 et 19 % en 2010. Parallèlement, les ménages qui sont à l\'aise restent stables à 7 %. Comme les Allemands, et contrairement à ce qu\'on pense souvent, la première crainte des Français est le coût de la vie (cité par 71 % des ménages), devant la sécurité de l\'emploi (36 %) et le niveau des revenus du travail (29 %). L\'étude relève des différences notables au sein des ménages français : les habitants de la région parisienne sont plus inquiets pour leur épargne que les autres. Preuve des différences régionales très marquées entre l\'Île-de-France et le reste du pays que soulignait déjà une étude d\'Eurostat la semaine passée. Avec une insécurité croissante, on ne s\'étonne donc pas que la consommation devienne un point faible de l\'économie française.
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