Les grandes banques centrales jouent la carte de la transparence

Par latribune.fr  |   |  460  mots
Alors que s'approche l'heure de la sortie de crise, les grandes banques centrales, qui ont mis en oeuvre depuis la mi-2007 des mesures que l'on aurait jugées inenvisageables et hautement hasardeuses quelques années auparavant, cherchent à peaufiner leur communication. Le premier but recherché est évidemment de ne pas déstabiliser des marchés encore très vulnérables étant donné les derniers évènements dans le monde arabe, les catastrophes en chaîne qui accablent le Japon et une reprise économique jugée encore fragile. En filigranes, il s'agit également pour les grandes banques centrales occidentales de museler les critiques sur le laxisme supposé dont elles ont fait preuve en abaissant les taux à des niveaux voisins de zéro, en inondant le circuit financier de liquidités ou en enterrant leur rôle de prêteurs en dernier ressort pour devenir acteurs du marché de la dette, en achetant des emprunts d'État souverains.Dernière en date : la Réserve fédérale américaine a annoncé en fin de semaine dernière qu'à compter du 27 avril, date de son prochain conseil, son président Ben Bernanke se soumettrait à l'exigeant exercice de la conférence de presse à l'issue de quatre de ses huit conseils annuels. C'est le changement le plus marquant de la stratégie de communication de la Fed depuis 2007, lorsqu'elle avait annoncé une mise à jour trimestrielle et non plus semestrielle de ses prévisions macro économiques. Nouvelle èreDe son côté, la Banque centrale européenne s'efforce jour après jour de clarifier le message lancé début mars à l'issue de la dernière réunion de son conseil, lorsque son président Jean-Claude Trichet avait utilisé le vocable - la « forte vigilance » -, annonciateur d'un durcissement monétaire dès sa réunion suivante, soit le 7 avril. Selon toute probabilité, son taux directeur, inchangé depuis mai 2009, sera alors porté de 1 % à 1,25 %. Tous les membres de son directoire et de nombreux présidents des banques centrales nationales sont montés au créneau pour justifier par anticipation ce tour de vis qui ouvre une nouvelle ère. Convaincre que les taux sont restés trop bas trop longtemps, que la résurgence de l'inflation n'est pas une « bosse », que la croissance résistera à un resserrement monétaire et aux plans d'austérité. Et surtout que l'Europe évitera la volte-face de l'été 2008, lorsque la BCE avait relevé son taux directeur au nom de la lutte contre l'inflation pour mieux l'abaisser trois mois plus tard face à l'ampleur de la crise, tel est aujourd'hui le challenge quotidien. Défi auquel est aussi confrontée la Banque d'Angleterre. Le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, n'hésite pas à agiter le chiffon rouge, en rappelant les mésaventures du Japon. Isabelle Croizard