La Belgique décapitée

Par latribune.fr  |   |  291  mots
Vision d'horreur. Les marchés comprennent que la présidence de l'Union européenne, cet étrange système de rotation institutionnel, passera de l'Espagne à la Belgique au 1er juillet. Et ils voient, à deux mois de cette échéance, la Belgique décapitée. Après la démission de son Premier ministre, Yves Leterme, elle n'a plus de gouvernement. Comment imaginer qu'un pays incapable de faire vivre ensemble deux communautés, les Francophones et les Flamands, parvienne à assurer la présidence d'un ensemble de vingt-sept communautés, de 27 pays. Comme les autres pays de la zone, la Belgique doit mener des réformes, mais elle doit aussi de surcroît se préoccuper de son unité. L'instabilité gouvernementale n'aide pas à réformer, ni un système fiscal désuet et incroyablement défavorable aux classes moyennes, ni une protection sociale coûteuse et au bord de la faillite. Sans compter que les effets de la crise se font sentir?: en mars, le nombre d'allocataires de l'assurance chômage a passé 1,3 million... pour 10,6 millions d'habitants. Et la Belgique a perdu avec la crise ses derniers fleurons nationaux. Fin 2008, le secteur financier a implosé comme nulle part ailleurs sur le Continent. Fortis, Dexia, Ethias, KBC, qui ensemble pesaient plusieurs fois le PIB national, n'ont dû leur survie qu'aux aides publiques, propulsant l'endettement au-dessus des 100% du PIB. Malgré cela, les Belges n'ont pas perdu leurs convictions européennes. «?Tous partis confondus, les Belges sont de bons fédéralistes?», explique la vice-présidente du Parlement européen, Isabelle Durant. C'est probablement pour cette raison que les diplomates ne s'inquiètent pas outre mesure qu'un gouvernement qui expédie les affaires courantes puisse gérer au mieux la présidence européenne. F. A., à Bruxelle