Oui, la France peut (encore) attirer les investisseurs !

Le 9 janvier dernier, le conseil des ministres adoptait une résolution relative à l\'attractivité, « une ambition partagée pour renforcer l\'emploi et l\'investissement en France ». Un Conseil stratégique de l\'attractivité devrait remettre un rapport à la fin du semestre, et un « Passeport Talent » est initié. En fait, dès 2009, le gouvernement Fillon validait la « carte de résident pour contribution économique exceptionnelle ». Sa cible : les entrepreneurs non européens.Ces entrepreneurs disposent de moyens de financement conséquents et souhaitent investir en France dans des actifs productifs, pérennes et non spéculatifs. En contrepartie, certains souhaitent bénéficier de la carte de résident économique, véritable « passeport pour les affaires », pour se rendre librement en France, ouvrir des comptes bancaires, créer des sociétés, s\'intéresser à des biens productifs créateurs d\'emplois. Force est de constater que certains ont malheureusement décidé de donner une suite favorable... à des programmes concurrents.Premier constat : pour attirer l\'épargne internationale afin de financer ses investissements productifs, la France a besoin d\'améliorer ses dispositifs existants.De nombreux programmes existent dans le monde pour attirer les investissements. Par exemple, le Wall Street Journal annonçait en mars dernier que 150.000 Chinois avaient bénéficié de ce type de dispositifs et avaient investi dans les pays qui en faisaient la promotion (pour l\'essentiel, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni). Depuis la création du principe de carte de résident économique pour contribution exceptionnelle, la première difficulté pour un candidat non européen est de trouver une banque française acceptant de s\'investir dans la procédure « Lutte antiblanchiment » pour justifier de l\'origine de ses fonds.Dans le prolongement des rapports Gallois et Berger-Lefebvre, la mise en avant d\'un dispositif d\'incitation pour orienter l\'épargne des pays émergents vers le non coté français et une impulsion politique forte pour le promouvoir à l\'international peuvent débloquer le secteur du capital investissement dont la situation actuelle met en péril la capacité de la France à lancer les projets d\'entreprise audacieux.Second constat : les banques françaises refusent presque systématiquement ce type de demandes si le candidat ne s\'engage pas à transférer des capitaux significatifs sous gestion en plus de l\'investissement qu\'il souhaite réaliser dans notre économie. En effet, pourquoi une banque irait engager sa responsabilité pour servir de « boîte aux lettres » pour investir dans des biens productifs qui ne lui rapporteront rien. Or, si l\'attractivité de la France pour les entrepreneurs non européens est indiscutable, leur accueil est très loin de la réputation historique de notre pays et fait les beaux jours des économies anglo-saxonnes.En l\'état, la \"carte de résident économique\" est inefficaceTroisième constat : beaucoup de moyens existent pour accueillir des entreprises, mais les entrepreneurs eux-mêmes ont été oubliés. Il nous semble donc pertinent de mettre en œuvre une présentation claire du dispositif, de centraliser les candidatures à travers un guichet unique, et d\'adapter l\'accueil en rapport avec le montant des investissements.En conclusion, au plan théorique, le programme français de carte de résident économique est attractif. Nous avons eu l\'occasion de le vérifier lors du Forum de Dubai du 20 novembre dernier. Mais, en pratique, notre programme est en l\'état inefficace en tant que véritable outil de financement de notre économie. Avec un programme adapté, le potentiel de candidats investisseurs non européens pourrait être raisonnablement évalué à 3.000 par an. Et les investissements qui seraient réalisés pourraient être compris entre 5 et 10 milliards d\'euros. Le gouvernement vient d\'afficher sa volonté d\'actualiser ces programmes. Il serait plus que dommageable de manquer semblable opportunité.______* Jacques Soppelsa est président honoraire de l\'université de Paris I et professeur à la Sorbonne. Franck Ladrière est Pdg d\'Axone Invest
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