Et si François Hollande n'avait pas vu venir Angela Merkel

Pendant la campagne électorale, François Hollande avait prévu beaucoup de choses. Notamment en matière économique. Et, contrairement à ce que l\'opposition répète actuellement, les annonces récentes, post-législatives, correspondent à son programme. Le gel des crédits budgétaires ? François Hollande a inscrit noir sur blanc, dans son document de campagne rendu public fin janvier, qu\'il avait l\'intention de contenir à 1% par la hausse de la dépense publique. Compte tenu de la dérive, contrainte, des dépenses de sécurité sociale (nombre de retraités, assurance-maladie), cela signifiait à coup sûr ou presque un gel des crédits de l\'Etat (hors pensions et charge de la dette), ou tout au moins une évolution approchante. Les lettres de cadrage transmises ce soir;  dans lesquelles  Matignon exige des ministères un réduction de 7%de  leurs dépenses de fonctionnement en 2013, sont  en cohérence avec ce gel des crédits, et donc avec le programme Hollande.Idem pour les fonctionnaires. Le candidat PS a toujours insisté sur les créations de postes dans l\'éducation nationale (et dans une moindre mesure, au ministère de l\'intérieur et à la justice) mais aussi sur la stabilité globale des effectifs de l\'Etat. Il suffisait de faire une règle de trois pour comprendre que les ministères non prioritaires, qui représentent à peine plus de 30% des agents de l\'Etat, allaient devoir réduire sérieusement la voilure. Après la majoration de l\'allocation de rentrée scolaire, comme prévu, et la réforme de la réforme des retraites, là aussi, comme prévu, Hollande met en œuvre une politique conforme à son programme. Ce sera encore le cas avec les hausses d\'impôts officiellement annoncées la semaine prochaine, dont le détail avait été diffusé dès la fin janvier.Le choc, fin mai, du premier conseil européenEn revanche, ce que n\'avait pas prévu, ou a tout le moins sous-estimé, François Hollande, c\'est la complexité de la relation franco-allemande. Pendant la campagne, il avait annoncé une renégociation des traités sur la stabilité financière, finalisés à l\'automne dernier, négociation d\'autant plus aisée, à l\'entendre, qu\'un nouveau président bénéficie du poids politique  donné par son élection récente. \"Concentré sur l\'élection, Hollande a certainement mal apprécié la difficulté du dossier européen, et surtout la capacité de réaction allemande » estime un expert socialiste. « Lors premier conseil européen (informel), le 23 mai, le choc a été rude » poursuit cet expert.Holllande n\'a pas vu venir l\'argumentaire allemand sur l\'intégrationD\'où les déclarations peu amènes d\'Angela Merkel sur les « solutions simplistes » avancées par la France. C\'est peu dire que François Hollande n\'a pas vu venir la montée en puissance de l\'argumentaire allemand sur le thème de la meilleure intégration, de l\'approfondissement de l\'Europe. Ces termes généraux recouvrent une réalité bien concrète : les Allemands veulent un contrôle strict des finances publiques de tous les Etats. Ils ont largement inspiré le texte qui a récemment transpiré de Bruxelles, à propos du contrôle étroit par la commission européenne de la préparation des lois de finances, dans chaque pays. Selon cette interprétation du texte du futur traité, que donne un haut fonctionnaire de Bruxelles cité par le Figaro, « si la Commission estime que le texte (budgétaire) présente des lacunes - en d\'autres termes, si elle identifie des contradictions entre le projet de budget et les objectifs à moyen terme de l\'UE -, elle pourra en demander la révision dans un délai de quinze jours ».Si cette interprétation était avérée, cela signifierait la fin de toute marge manœuvre politique des Etats : la commission européenne serait toujours en mesure de mettre en avant tel ou tel objectif européen -susceptible d\'interprétation- pour invalider une décision du gouvernement ou même un amendement parlementaire figurant dans un projet de loi de finances. Comme le dit l\'économiste Charles Wyplosz, interrogé par le Figaro sur ce contrôle accru de Bruxelles, « l\'union budgétaire, personne n\'en veut, car les Parlements nationaux ont été créés pour contrôler le budget de l\'État. Ils ne vont pas se faire hara-kiri comme ça! ». Même si l\'Allemagne est plutôt isolée sur ce dossier du contrôle budgétire, la négociation n\'en sera pas pour autant facile.    
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