« Le projet d'une génération »

Comment définissez-vous le Grand Paris ? Le Grand Paris ne se définit pas par des limites administratives. La priorité est de permettre à Paris de rester une « ville monde » de premier rang, doté d'un fort potentiel de croissance. Je rappelle que malgré le tassement de sa position, Paris reste la 3e plus grande ville du monde en matière de développement économique derrière New York et Londres. Cette « ville monde » a des portes d'entrée aéroportuaires, ferroviaires et un port, Le Havre. Il s'agit d'élaborer une stratégie d'attractivité globale de ce territoire. Mais cette attractivité n'est pas une fin en soi. Elle doit être envisagée comme le moyen du développement durable et de la cohésion sociale de la région capitale. Le Nord-Est parisien est enclavé et plus de 400.000 personnes y vivent en situation d'exclusion et de pauvreté. C'est la raison pour laquelle, le chef de l'État, sur ma proposition, a décidé de desservir cette zone avec un réseau de métro automatique en rocade, afin de la désenclaver et d'amorcer une véritable restructuration urbaine.Le débat parlementaire sur le projet que vous avez élaboré débutera le 24 novembre, alors que certains élus locaux franciliens regrettent un certain manque de dialogue? Cette polémique m'étonne un peu. C'est l'écume des choses. Je ne crois pas avoir à me justifier sur un supposé manque de dialogue. Mes actions passées en Nouvelle-Calédonie ou à la RATP attestent du contraire. Ce qui compte est de continuer à travailler. Nous avons engagé une coopération très étroite avec les élus locaux concernés par les contrats de développement territorial. En un mois et demi, j'ai rencontré plus de 100 parlementaires franciliens et autant de maires. Et tout se passe bien, notamment dans les grands territoires de développement. J'ai fait mon travail avec méthode et déontologie, et sans publicité. C'est une question d'intérêt national. Je pense que les élus seront sensibles à cette démarche. Après, que certains états-majors politiques livrent une bataille de posture dans la période électorale des régionales, c'est autre chose, et cela n'entamera pas notre détermination à réussir.Vous avez récemment été mis en cause par l'architecte Jean Nouvel, qui dénonce l'absence de grands projets architecturaux dans le texte de loi? L'impératif du développement économique est la condition permettant tout grand projet d'urbanisme. Ce fut vrai à l'époque de Haussmann, vrai pour les villes nouvelles voulues par le général d e Gaulle, au temps des périodes prospères des années 1860 ou des Trente Glorieuses autour des années 1960. C'est aujourd'hui en Chine, au Moyen-Orient, au Brésil que nos grands architectes français réalisent leurs principales ?uvres? Ce premier projet de loi sur le Grand Paris a entre autres objectifs de permettre de libérer nos potentiels économiques et de favoriser la croissance. Je crois que chacun peut le comprendre.Quand le Grand Paris pourra-t-il voir le jour ? La réalisation du Grand Paris sera longue, c'est l'affaire d'une génération. C'est pour cela qu'il nous faut commencer au plus vite le chantier le plus lourd, celui du métro. On devrait pouvoir lancer les travaux début 2013. Dix tunneliers seront mobilisés en même temps : un record mondial ! Les communes qui accueilleront une gare auront dix-huit mois pour signer un contrat de développement territorial avec l'État et pourront engager, rapidement, la réalisation des grands projets architecturaux, urbanistiques, économiques et culturels qui seront la préfiguration du Grand Paris. Propos recueillis par Clarisse jay, Ingrid Seithumer et Stéphanie Tisserond
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