L'Allemagne profite de la flexibilisation de l'emploi

L'emploi allemand a encore montré sa bonne santé en avril. Selon le Bureau fédéral du travail, le nombre de demandeurs d'emploi outre-Rhin a reculé de 162.000 en avril en données brutes à 3,41 millions, faisant reculer le taux de chômage de 0,4 point à 8,1 %. L'Allemagne comptait en avril 178.000 chômeurs de moins qu'il y a un an. Certes, le phénomène de rattrapage lié à l'hiver rigoureux a joué, mais ces chiffres prouvent une nouvelle fois que le marché de l'emploi allemand a traversé sans trop de difficultés la crise. Voici deux semaines, les grands instituts économiques ont d'ailleurs révisé leurs prévisions pessimistes de l'automne. Ils prédisaient 4 millions de chômeurs en moyenne sur 2010, désormais ils anticipent un recul de 40.000 du nombre de demandeurs d'emploi à 3,38 millions. À Berlin, on n'hésite plus à parler de « miracle allemand de l'emploi ». La raison souvent avancée pour expliquer ce miracle est celle du chômage partiel, le Kurzarbeit, qui, grâce aux aides de l'État, a permis de ne pas licencier. 810.000 personnes sont actuellement touchées par ces mesures. Le gouvernement a d'ailleurs décidé de prolonger ces aides jusqu'en 2012, alors qu'elles devaient prendre fin cette année. Une étude publiée le 14 avril par la Commerzbank montre cependant que la résistance du marché du travail allemand trouve son origine dans sa flexibilité qui a permis de réduire les heures travaillées plutôt que de licencier. En 2009, un salarié allemand a ainsi, en moyenne, travaillé 43,5 heures de moins qu'en 2010, soit une baisse de 5 %. Or, le chômage partiel n'est responsable que d'un tiers de cette baisse. Les deux tiers restants s'expliquent par des mesures de flexibilité : réduction de la durée hebdomadaire du travail, suppression des heures supplémentaires ou mise en place de compte temps. modération salarialeSelon Eckart Tuchtfeld, l'auteur de l'étude, les entreprises ont préféré jouer sur le temps de travail plutôt que sur les effectifs car elles ont eu beaucoup de difficultés entre 2005 et 2008, lors de la grande période de croissance de l'économie allemande, à recruter. Mais elles n'ont pu se permettre cette prudence que grâce à la modération salariale et aux lois de flexibilisation du marché du travail des quinze dernières années, notamment celles du gouvernement Schröder entre 1999 et 2005, qui a mis davantage de pression sur les chômeurs et a permis le développement de contrats plus précaires. « Sans cette impulsion politique, il y aurait plus de 5 millions de chômeurs », estime le chercheur. n
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