La double casquette d'Eric Woerth au coeur de la polémique

« Ce n'est pas bien. » C'est un ministre qui s'insurge ainsi contre les déclarations d'Alain Juppé et de Christine Lagarde dans l'affaire Woerth. L'ancien Premier ministre et la ministre de l'Economie ont ouvert une brèche dans la solidarité majoritaire en appelant Eric Woerth à une « clarification » sur le cumul de ses fonctions ministérielles avec celles de trésorier de l'UMP. François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée, a lui aussi jugé « souhaitable » cette clarification. Dominique de Villepin a surenchéri en estimant qu'il y avait « incompatibilit頻 entre le poste de trésorier et celui de membre du gouvernement. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a répondu qu'Eric Woerth avait été « nommé trésorier de l'UMP en 2002 ». « Il était trésorier bien avant d'être membre du gouvernement, il le restera sans doute après », a-t-il dit.Certains, à gauche, ont estimé qu'avec les déclarations d'Alain Juppé, la majorité cherchait en fait à préparer le terrain à un abandon par Eric Woerth de son poste à l'UMP. « Depuis quelques heures, on assiste à une tentative de diversion assez pitoyable de caciques de l'UMP qui disent : il faudrait que Woerth démissionne de son rôle de trésorier de l'UMP. Cela ne changera rien, même si c'est un aveu un peu tardif de conflit d'intérêts. Eric Woerth devrait se mettre en congé du gouvernement, que l'on puisse enquêter sur ce qu'a fait ou n'a pas fait Bercy sur les questions concernant la fortune de Bettencourt », a dit le communiste Roland Muzeau. La position du ministre du Travail est de plus en plus difficile à tenir. Ce qui a conduit mardi le Parti socialiste à hausser d'un cran ses attaques contre Eric Woerth. Le principal parti d'opposition réclame une enquête judiciaire sur les soupçons de conflits d'intérêt ainsi qu'une commission d'enquête parlementaire. « aucune zone d'ombre »L'actuel ministre du Budget, François Baroin, n'a pas exclu des investigations plus poussées à l'Assemblée, qui seraient accueillies « avec bonheur, avec responsabilité par l'ensemble du gouvernement ». Même si, a insisté le successeur d'Eric Woerth à Bercy, l'affaire ne comporte « aucune zone d'ombre ».De son côté, François Fillon s'en tient à la ligne définie par Nicolas Sarkozy, à savoir une protection maximale du ministre chargé de la réforme emblématique des retraites. Lors de la réunion du groupe UMP de l'Assemblée, le Premier ministre a appelé les membres de la majorité à avoir « les nerfs solides » face à « une opération de déstabilisation caractérisée ». Hélène Fontanaud
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