Bernanke s'engage à soutenir l'économie

Par latribune.fr  |   |  525  mots
Que ce soient les têtes pensantes de la finance mondiale qui se réunissent tous les ans depuis 1983 à la même époque à Jackson Hole, dans les montagnes du Wyoming, ou les simples scrutateurs du symposium, tous avaient en tête la même question. La Réserve fédérale américaine, confrontée à une menace de déflation honnie par son président Ben Bernanke, s'apprête-t-elle à recourir plus agressivement à la planche à billets ? Et va-t-elle acquérir encore davantage d'actifs financiers, après avoir annoncé le 10 août à l'issue de son dernier conseil qu'elle gelait la réduction de son bilan, mettant entre parenthèses la stratégie de sortie de crise qu'elle avait amorcée ? Ce n'était certes pas le lieu le plus approprié à des révélations fracassantes, puisque cette grand messe annuelle est consacrée à des débats académiques de politique monétaire au sens large et non à des annonces sur les futures décisions prises en conseil - particulièrement divisé en ce qui concerne la Fed. Il n'empêche que Bernanke, premier orateur du colloque, a donné du grain à moudre à ses interlocuteurs. Et qu'il n'a pas désavoué le sobriquet de « helicopter Ben », qui lui colle à la peau depuis décembre 2002, lorsque, dans un discours resté célèbre, il avait évoqué tous les outils susceptibles d'être utilisés par la Fed pour combattre la déflation - et qui l'ont été du déclenchement de la crise des subprimes au printemps 2007 à nos jours - quitte à inonder l'économie de billets de banque lancés d'un hélicoptère.Il s'exprimait très exactement une heure et demie après la diffusion de la deuxième estimation du PIB des États-Unis au deuxième trimestre, révisée en baisse un peu moins forte qu'anticipé de 2,4 % à 1,6 % en rythme annualisé. Mais ce chiffre rétroviseur masque encore la dégradation intervenue depuis juillet, avec le nouvel effondrement du marché immobilier, la persistance d'un niveau très élevé du chômage et une inflation tellement faible qu'elle préoccupe bon nombre d'économistes. Première prise de position du président de la Fed : l'économie américaine a ralenti plus que prévu et sa convalescence est « loin d'être achevée », mais la reprise devrait s'accélérer un peu en 2011, a-t-il déclaré, ajoutant que la perspective d'un chômage durablement élevé demeure un sujet de préoccupation majeur. Deuxième temps fort : la banque centrale ne prendra de nouvelles mesures non conventionnelles que si les perspectives du pays devaient se détériorer « fortement », jugeant « faibles » pour l'instant les risques de déflation ou de dérapage inflationniste. Néanmoins, « si nécessaire », la Fed est prête à prendre des mesures de soutien supplémentaires. Il s'agit là de l'engagement le plus fort pris par Bernanke depuis son arrivée à la tête de la Fed en 2006 pour éviter que les États-Unis ne tombent dans une spirale déflationniste à la japonaise.? Lire aussi page 8 L'économie américaine a ralenti plus que prévu et sa convalescence est « loin d'être achevée ».